Cette construction paroît au premier aspect très-
simple et très-efficace ; mais on a rencontré dans la
pratique deux inconvéniens qu’on a cherché à faire
disparoîlre. i°. Le frottement des pistons est souvent
considérable, et emploie une force qu’on doit ménager;
2°. le vent est très-inégal, c’est-à-dire fort dans des mo-
mens et foible dans d’autres.
On a employé pour donner à l’action du vent plus de
régularité les moyens suivans : i°. On place entre les
pompes soufflantes et le fourneau une troisième caisse ,
nommée régulateur (pi. i6,Jig. a, IV ) , dans laquelle se
rend l’air chassé par chaque pompe avant d’entrer dans
le fourneau. Cette caisse a un fond supérieur mobile qui
est chargé de poids, et qui pressant constamment, et toujours
avec la même force , sur l’air qui y est renfermé,
maintient ce fluide à-peu-près au même degré de densité.
Ce moyen est employé aux forges du Creusot, départe-
ment de la Côte-d’Or, &c. 2°. On fait entrer l’air chassé
par les pompes soufflantes dans de vastes caves, construites
en maçonnerie, ou creusées dans le roc, selon les
circonstances. Cet espace étant très-considérable en comparaison
de celui des caisses des pompes soufflantes, l’air
différemment comprimé qui sort de celles-ci, y prend
une densité qui est, à très-peu de chose près, toujours
la même. On a employé ce moyen ingénieux aux forges
de Devon, près Stirling en Ecosse. 3°. On fait entrer
l’air des pompes soufflantes sous une vaste cuve (C,fig. 4-,
pl. i4 ) de bois ou de fonte qui est renversée et fixée dans
un bassin plein d'eau (opqr) . L ’eau qui entoure la
cuve maintient par sa pression l’air qui traverse cette
cuve au même degré de densité. Ce régulateur hydraulique
a été mis en usage par M. Oreilly, aux forges de
Preuillÿ, département d’Indre-et-Loire ; par M. John-
Laurie, aux forges qui sont près d’Edimbourg, &c. ef
M. Mushet l’a même appliqué aux caves à air.
supposons que le tuyau (D) se rend directement au fourneau. Voyea
d’ailleurs pour les détails de cette figure l’explication des planches.
On a également réussi à diminuer considérablement,
et même à rendre presque nuis les frottemens des grands
pistons des pompes soufflantes ; mais le moyen qu’on a
employé entraîne une assez grande complication de
soupapes, &c. dans la construction de ces machines. Ce
moyen consiste à remplacer le corps de pompe par une
espèce de cloche en fonte, en cuivre et même en bois
( a b c d ,p l . t4- ,fig. 5) , qu’une machine quelconque fait
plonger dans l’eau. Lorsque cette cloche est enfoncée
dans un espace ( e f g h i h ) rempli d’eau, l’air qu’elle
contient est chassé par la pression de l’eaüà travers le
tuyau (B B ') dans le régulateur hydraulique, et de-là
dans le fourneau ; dès que la cloche remonte, l’air extérieur
y rentre de nouveau au moyen d’une soupape ( l )
qui s’ouvre , mais qui se referme aussi-tôt que la cloche
plonge. Les mouvemens de cette machine se faisant
dans un liquide, on voit que les frottemens sont presque
nuis ’ .
L ’air, inégalement comprimé, qui sort de ces cloches
est ramené à une densité uniforme par le régulateur
hydraulique qu’on vient de décrire.
Des machines de ce genre ont été excutées à Châtel-
Audren, par Grignon ; près d’Edimbourg, par M. Jobn-
Laurie, et aux forges de Weyerhammer dans le Haut-
Palatinat, par M. Baader.
Tels sont les principes sur lesquels est fondée la construction
des machines soufflantes qu’on emploie dans
les travaux métallurgiques. Ces machines sont toutes
terminées par un tube conique de fer ou de cuivre,
qu’on nomme la butte. Cette buse souffle dans une espèce
d’entonnoir de fer ou de cuivre, qui porte le nom de
tuyère ( t t , pl. i4, fig. i ) ; elle est placée dans le mur du
fourneau, et déborde même un peu dans l’intérienr
du foyer. La position de la tuyère, relativement à son 1
1 Voyez pour les détails l’explication des planches.