ormation. M. de Luc pense qu’il faut environ trente ans
en Hollande ; Roland de la Platière croyoit qu’il leur
falloit cent ans. M. Van Marum dit avoir vu quinze décimètres
de Tourbe se former en cinq ans au fond
d’un bassin de son jardin. Il pense que le conferva rivu-
laris est la plante indispensable à la formation de la
Tourbe , parce qu’elle ne se pourrit pas et qu’elle entraîne
avec elle les autres plantes en tombant au fond
de 1 eau. M. Bosc admet que la Tourbe se régénère dans
le lieu d ou on 1 a enlevee lorsque les circonstances lui
sont favorables, c est-a-dire lorsque l’eau n’est pas trop
profonde , pour que les plantes aquatiques de toute
espèce puissent y croître , et lorsque le nombre de ces
plantes est augmenté par la formation artificielle d’iles
flottantes, qui prennent un accroissement rapide , et
finissent par s’enfoncer dans le marais sur lequel elles
flottoient *.
On voit qu on ne peut prendre encore aucun parti
sur les questions que nous venons d’agiter. Les seules
circonstances q ui, de 1 aveu de tous les observateurs ,
paroissent essentielles à la formation de la Tourbe, c’est
que 1 eau soit stagnante, que le terrein soit constamment
couvert d’eau , et jamais complètement desséché par le
soleil.
La Tourbe des marais est très-répandue sur la terre;
mais on a remarqué qu’elle se trouvoit plus abondamment
dans les pays du nord que dans ceux du midi.
Parmi le grand nombre de tourbières exploitées ,
nous citerons i
En Fi’ance, i°. celles de la vallée de la Somme entre 1
1 Ne pourroit-on pas soupçonner que , dans beaucoup de cas, les
eaux chargées des parties de Tourbes broyées par l’exploitation des
masses environnantes , sont venues déposer du limon de Tourbe dans
des fosses exploitées , et que des observateurs , trompés par cette
circonstance, ont pris ce simple dépôt pour une formation nouvelle î
M faut donç avoir recours à des observations plus précise* pour
affirmer que les Tourbes peuvent se reproduire,
Amiens, et Abbeville : elles sont d’une étendue considér
rable. 2°. Celles des environs de Beauvais , notamment
du côté de Bresle ; elles contribuent à faire fleurir les
manufactures de celte ville. 3°. Celles de la riviere
d’Essonne, entre Corbeil et Villeroi, à 20 kilomètres
au midi de Paris. 4°- Celles des environs de Dieuze
dans le département de la Meurthe, &c. — En Hollande,
les fameuses tourbières qui fournissent à ce pays
presque tout le combustible qui lui est nécessaire. —
En Westphalie et dans le pays d’Hanovre , les immenses
tourbières qu’on trouve au milieu des landes et
des bruyères. — En Ecosse, i°. Celles de JCinkardine et
de Flanders dans le Perlhshire ; nous en avons déjà parlé
plus haut; la Tourbe y est déposée sur une couche de
glaise recouverte de bruyère. Les arbres qu’on y a
trouvés couchés près de leurs souches , sont de gros
chênes, des aulnes, des sapins et des bouleaux. 2°. Celles
de Dalmally ; les arbre? qui se trouvent dans cette
Tourbe sont des arbres résineux : les habitans se servent
de leurs éclats pour s’éclairer.
Quoique l’exploitation de la Tourbe paroisse devoir Exploitai;,
être une chose très-simple et très-facile, il y a cependant
des règles à suivre pour conduire ce travail avec économie,
et pour surmonter les obstacles que présentent les
çaux.
On doit d’abord s’assurer , non-seulement de la présence
de la Tourbe , mais encore de sa qualité , de
l’étendue et de la profondeur de la tourbière, des diverses
qualités de Tourbe qu’elle renferme, & c. C’est ce que
l’on fait au moyen d’une sonde très-simple de cinq à six
mètres de long.
La Tourbe s’extrait ou se moule en parallélipipèdes qui
ont la forme d’une grande brique. On met d'abord à nu
la Tourbe , en enlevant avec une bêche le limon ou la
jerre végétale qui la recouvre. Quand elle est couverte
d’eau, on met sa superficie à sec en creusant des canaux