auxquelles un particulier sans protection ne petit pas se
livrer. Ptolomée-Lagus, élève lui-même dù philosophe-dë
Stagiro, et son fils Ptolomée-Philadelphe, donnèrent, Il
est vrai, tant qu’ils vécurent1 2 des^éncouragemens de tous
les genres aux sciences ; mais, leurs' indignes sficceisfurs
n e s ’en occupèrent plüs', et Pécole qu’ils avaient fondées
Alexandrie; trouva plus commode de cultiver l’érudition ;
la géométrie et la métaphysique, que de se fatiguer à la
recherche des productions de la nature. Par une COnsé-
jjiience naturelle la philosophie péripatéticienneÿ|surtout
en ce qu’elle avait d’expérimental, tomba par degrés dans
une sorte de mépris; l’académie et le portique prirent-le
dessus, et l’on ;tourna les observateurs en ridiculè". * Les
plaisanteries de Lucien, qui nous montre un péripatéticiën
examinant la durée de la vie d’un cousin et la nature de
l’ame des huîtres®, avaient probablement été faites longtemps
avant lui, et ees sortes d’études devinrent si peu
communes que, lorsqu’ Apulée fut accusé de magie, d’un des
principaux argumens que l’on employa contre lui, fut qu’il
s’occupait de rechercher les poissons rares'et singuliers.3
Les Romains ne favorisèrent jamais les, s*ciènees de pure
spéculation; ils s’occupèrent cependant des-poissons, mais
dans des vues d’intérêt, et ensuite pour ass|mvir un luxe
1. Alexandre mourut 52^ ans avant Jcsus-ChriSt, Ptolomée-Lagus en 2S4, et
Ptolomcc-Philadelpfaé en-'a/Jd-
2. JLucien B/av Trçajçiç, p. m. 38o. Tout le monde connaît Lucien de Samosale,
ce fameux S a tiriq u econtemporain d’Antonin, de'Mar(>Aurèle et,de Commode. ,
3. Apulée (Lucius Apuleius), de Madame, en Afrique, auteur du roman singulier
de l’Ane d’or, fut aussi contemporain des Antonins : il eri^loie vingt pages de sa
première apologie,à se justifier de la curiosité qu’il mettait à rechercher les poissons,
et à prouver qüè .ce n’était pas pour des opérations, magiques. On voit dans ce
discom» qu’il avait beaucoup écrit sur cette classe d’animaux? mais il n’en reste-rien*
qui, malgré ses ' ex^||- ne pouvait épuiser les richesses du
monde ,;acCtixriûréës parpsès oppresseurs.
^ - V à f r o n x’ et^ (&b$ù#ië lie* ont écrftf'dàiîs le premier de ees
butSï On voit par ce&jiutéurs queiidéj'tPdû temps dé Qifeéron
et d’Auguste dés ' vivièrs d’eâu douce étaient une chôse
Vulgaire , et vqRj@t les geq&râAes en a^â£ent formé sur les
abords de fo rE^^alimeiàp^d’eâu» salée S dont l’entretien
était fort chc#: Licinihs Mj&ræna en avait donné l’exemple4,
qui fut bientôftsuivi par les hommes'de la première noblesse;
les Philippus étyles Hôrterïsiüs.'
Plusieurs de ?efes ' efoblissemens étaient d’une grandeur
Éaitëi' pour étonner. Hirrius prêta un jour à César deux
mille murènes prises dariS les siens5. On élevait dans eeux
d’eau salée des turbots eMfes soles, des doradë^t|èï,<sciènes
ëi toute sorte de coquillages6. Chaque espèce;’,de poisson y
aVa-rtsori^ compartiment. 7
-pLësï amateurs' n’y plaignaoeriPattcunte dépen'sé. Lu eu 11 us
fit couper urié, morftagné1 près”' de Impies, avec des frais
immenses-, pour introduire d’eau dé la mer dans un de ce»
viviers, au sujèt de quoi Pompée l’appelait plaisamment
un Xerxès en toge8. L’on dit qu’un maître, Y-edius Pollion,
pOhSsait la cruauté au p'ôint '^fi’y faire jèter sès esclaves
pour nourrir^sès poissons.9
1. Marcus Terentius V arbxa,, qui passe pou» le; ’plus?érudit des Romains, naquit
Païf i'i6'àvant‘Jésus-Christ, ét mourut l?âh a§r|Nous n’àvojwAparler ici que de-son
traité De re rustica.
t 2. ’ Lucius Jzmius Moderatm C<N^aiA,j:îÉ(t?^^dM,. 4»ntëmpôràini de -CSitude,
auteur d’un ouvrage- eny douziç livres : De retfüsjica.
3ï Varron, Dere'ruMica, 1. m , |^y. Potius masupium domini exaniniunt quant
implent. — 4. Plin., l.’ IXgac. 5$ — 5. Idem, du55. — 6îj G'ôlumelL, 1. VIE,
,- 1. Mini, 1. IX, <KF$j(-i. 9. Seaec.,-De iraf
fli et, 2?« clément. , i. I , çi 18.