Mais le plus grand nombre des poissons répand ses.oeufs
dans l’eaù, agglutinés par un mucilage qui les enveloppe et
les attache aux pierres, aux.plantes aquatiques, tantôt en
groupes, tantôt en cordons ou en réseaux, selon les espèces.
Ces oeufs sont des globules transparens, dans, le milieu desquels
on voit le jaune. Dans cet état le mMe les'féconde en
y répandant sa laite, et c’est pour répandre ou féconder leurs
oeufs que les poissons montrent le plus d’activité : c’est alors
que plusieurs remontent les rivières , que d’autres voyagent
en troupes, que d’autres se poursuivent ou se rapprochent,
soit par paires, soit en beaucoup plus grand nombre.
Le germe se montre plus ou moins vite dans l’oeuf fécondé,
selon la température, et son accroissement èst en général
assez lent : le petit sort communément avant d’avoir beaucoup
grandi, en perçant l’enveloppe avec sa queuè. 1
Dans les poissons osseux vivipares , tels que les siltoees, les
anableps, certains blennies, etc., l’oeuf grossit dans l’ovaire
même, autant qu’il faut pour le fétus qui s’y. développe, et
il y a des espèces ou il y devient assez grand. Le petit venant
à éclore rompt, pour s’échapper-, l’oeuf et la membrane qui
le retenait.
Tous ces oeufs se composent, outre le fétus , d’un vitellus ,
qui communique par un pédicule avec l’intestin du fétus, et
qui diminue à mesure que le fétus grandit , et d’une membrane
externe , qui répond à la membrane de-la coque des
oiseaux, et qui embrasse le fétus et son vitellus.
Je n’ai p u , jusqu’ici, apercevoir d’amnios, à moins qu’on
l . Sur ]a fécondation des oeufs des poissons, vojez Cavolini, Traité de la génération
des poissons et des crabes (en italien, Naples, 1787 et 1789, in-4-°; en
allemand, Berlin, 1792, in-8.°).
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ne veuille regarder comme tel la tunique interne de la membrane
générale ; mais cet amnios embrasserait le vitellus
comme le fétus.
Le vitellus a deux tuniques, complètes l’une et l’autre,
quoique très-fines. L’externe se continue par sa lame extérieure
avec la peau et par l’intérieure avec le péritoine;
l’interne, très-vasculeuse, se continue avec les membranes
des intestins et leur tunique péritonéale ; la cavité donne
directement et visiblement dans celle de Üntestin, et la matière
du jaune y afflue. Il y a meme des genres, comme les
squales, ou j ’ai vu un lobe de vitellus intérieur toujours renfermé
dans l’abdomen du fétus ; c’est comme un appendice
de l’intestin. Les artères de cette tunique intérieure viennent
de l’artère çéliaque; ses veines aboutissent à la veine porte.
Ce qui distingue essentiellement les oeufs de poissons, ainsi
que ceux dçs batraciens, de ceux des animaux qui, une fois
éclos , respirent toujours par d^poumons, c’est l’absence
absolue de l’allantoïde et des Vanneaux ombilicaux, qui ne
paraissent se montrer à aucune époque. Il n’y a par conséquent
pas non plus de placenta, et toutefois le vitellus fort
réduit des fétus de requins prêts à naître, m’a paru adhérer
à la matrice presque aussi fixément qu’un placenta. Son cordon
était hérissé d’une quantité de ramifications vasçiilaires
ou d’une espèce de chevelu assez semblable à celui des racines
des arbres.
Le plus souvent l’abdomen n’est pas renflé, même par ce
lobe intérieur dont nous venons de parler; mais quelquefois,
comme dans l’anableps, le vitellus a déjà en grande partie
disparu au dehors que l’abdomen a encore un renflement
formé par une dilatation de la peau du poisson, et dans l’intérieur
duquel on voit avec les intestins le reste du pédicule