1706.
$t. Juillet.
Exercice
•des Troupes.
Accablement
des affaires
du
Gouverneur.
ib 6 V O Y A G t S
Hallebardiers font toujours achevai, anioins
qu’il n’ailleàune noce ou à un enterrementV
car en ce cas les Hallebardiers vont à pied ,
la pertuifanne à la main ; mais l’Ecuyer va
toujours à cheval à côté du caroffe.
Le Dimanche, après la Prédicat ion *ce Seigneur
fait faire une parade à-fes Gardes, dans
la cour de la Citadelle , devant fon Palais, il
paroît premièrement un cheval de main, ri11!
chement enharnaché, qu’un Européen mine
par la bride i puis une compagnie de Cavalerie,
armée de cuir ailes, avec un T rompette, ôc
en fui te une compagnie'd'e Grenadiers^, qui eft
fui vie d’un Bataillon de Fùfilliers, de Piquiers-
& de Moufquet-aire^, le pot en te ce, précédez:
de 6. hautbois , Ôc ils font ainfî deux fois de
tour de la Place en très-bon ordre, 6c favent
très-bien leurs exercices. jj|
Ces marques- de grandeur fervent, en quelque
maniéré , à adoucir les fatigues d’une
charge h pénible & fi accablante ; car cet Officier
n’a jamais de repos, ny aucun tems où?
il lui-foit permis de ne point vaquer aux affaires
de la Compagnie. Il eft accable de lettres
&c de paquets dès la pointe du jour , Ôc
continuellement occupé, à eaufe de la grande
étendue des pais qui font foumisa fon obeïf-
ian e e , Sc de fon négoce, fans parler de 1 occupation
que lui donnent les Vaiffeaux. qui
1 vien-;
de C orneille le B r u y n: [107
viennent tous les ans de Hollande. Le Soleil
n’eft pas plutôt levé , que les deux chefs des
Marchands, le Commandant de la Citadelle,
Je Major, l ’Architecte, le Chef des Canoniers,
■ ôc plufieurs autres Officiers, lui viennent rendre
compte de ce qui fe paife , & recevoir fes
Ordres. Sur les 11. heures le Sabandbaer lui vient
aprendre combien il eft arrivé de .Barques ,
de quelles marchandifes elljes font chargées,
qui font lesperfonnes qui les conduifent ;
enfuite dequoy il leur fait expédier les pafle-
ports neceitaiires. Il fautoutre cela qu’il donne
audience à ceux qui pourfuivent des affairés
au' Palais.
Ces ehofesrlà l’occupent j ufques à ce qu’on
fe mette a table, ou il ne refte qu’une bonne
demy-heure, dont il employé meme une partie
à parler d’affaires ; enfuite de quoy il fe remet
a travailler j ufques à fouper. De forte
qu’à juger fainement des chofes, fans s'attacher
a. 1 extérieur, on doit avouer qu’il eft un
véritableefclaVe, qui n’apas un feul moment
à lui , & qui n’oferoit paffer une feule nuit
hors de la Citadelle. Il eft outre cela obligé
de rendre un compte ex a & à la Compagnie,
de tout ce qui fe paffe fur la Côte de Java, ôc
du païs qui en dépend. Chaque Confeiller eft *
obligé d’en faire autant , par raport au Bureau
dont il a la direction.
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