14 V O Ÿ A G I S
1 J 0 6 .
$o. Mars.
Petit voyage
fur les
terres de
Mr. Kafte-
lein.
C h a p i t r e L X V I .
Maifons dk PUijmce auxenvirons de Batavia. Moeurs
des B aller s. Poivriers. Abondance de Singes. Réjoüif-
pinces au jùjet de la Prijè de 'Batavia.
J'Eus quelques nouveaux accès de fièvre »
vers la fin du,mois d’A v r il, qui ne m’empêchèrent
cependant pas de me rendre, avec
quelques amis , fur les terres de Mr. Kajlekin.
Il nous attendpit J avec une voiture a deux
chevaux, a une petite diftance de la V ille , à.
un lieu nommé yvelîevrei , un peu au-delà de
la petite Forterelfe de Noort<-vrvick. Les dôme-
ftiques avoient pris les devants & étoient allez
au Corps-de-Garde de Mr. Corneille , à
trois quarts de lieuë de-là. C ’eft un bâtiment
de bois quarré, entouré d’unehaye v iv e , qui
refTemble allez à un Fort, ayant mie Guérite
élevée fur chaque pointe du côté de la Plaine.
On y tient ordinairement une Garde de
30. à 40. Soldats Européens, commandez par
un Lieutenant ou un Enfeigne, Nous palfâmes
à côté, au nombre de lept, avec trois domefti-
ques, efcortez de einqoufix Indiens à cheval,
& de 18. Baliers à pied , armez de longues
piques 3 entre lefquelles il y en avoit deux
marbrées
Baliers.
DE C o R N É ï l L E L I B r u YN. 2.5
marbrées de noir, & garnies d’or par'le bout»
d’une grandè propreté : les autres étoient roug
e s , garnies d’argents Ils avoient de plus un
gros poignard à la ceinture , fembiable aux
•Gansjaers des Turcs. Les Baliers, qui font à Batavia,
viennent d’une Ille , fi tuée à l ’Eft de
Ja va , & ont la réputation d’ctre les plus belliqueux
de tous les peuples de ces quartiers-
l à , aimant mieux mourir que de lâcher le
pied devant leurs ennemis *: Aufii en voitron
louvent 40. ou 50. mettre en déroute plus de
zoo. Indiens dé Tille de Java. Ils ajoutent à
cela une alfiduité &c une fidélité à toute épreuve
envers : leurs Maîtres^ Inais il ne faut pas
lés maltraiter. Apres avoir* fait encore une
demy-lieuë de chemin, nous arrivâmes aux
Moulins à Sucre d’un certain Chinois, nommé
Tanfeanfa, fur la grande Rivière de TJùli-
rvan, ou des femmes 3 laquelle a 8. à ro. toi-
fes de large en quelques endroits, de pas plus
de deux en d’autre^ Nous y dînâmes dans
une aflez jolie maifon , qui avoit un beau
Jardin, &c y demeurâmes jufques à 3. heures.
J’y trouvay des papillons d’une beauté charmante
, & j ’en ay confervé une douzaine.
Comme nous avions envoyé nos chevaux Sc
nos domeftiques, il në nous reftoit que trois
chariots, tirez chacun par un bu fie, qu’il fallut
changer trois fois dans une heure1, : tant
Tom. V. D les
170.6.
2 J. oAvriU
Lear bra*
voure Se
leur fidélité.