1708.
i l , Février.
Dangers
évidents.
i C z V O Y A G E S
pas , nous ne pourrions éviter la rencontre
des marodeurs de la même nation, qui fe
trouvent jparmy les Mo feo vices $ gens qui
n’ont pas plus d’égardpour les amis que pour
les ennemis >, 8c qui n’épargneroient pas leurs
plus proches parents.. Ce font des fauvages
qui ne tirent point de folde ; & qui ne. vivent
que de rapine & de brigandage. Il y avoit de
plus, en ce quartier-là , des Tartares 8c des
Calmuques, qui ne valent pas mieux que les
autres. Nous reliâmes ainfi jufques à midy au
milieu des fiâmes qui devoroiemt le pais ^Cans
fçayoir quel party prendre. Enfin, naustélo-
lu me s de c on tin uë r nôtre chemin fans c o nd u-
tfieurs, nous .commettant à la garde de Dieu.
iNo us ne fiâmes pas p lutôt f© r tis d u Villag© ,
.que nous rencontrâmes un Party- de:Cavalerie
, de 8c Vala^ues , au; feryiee; des
Mo feo vîtes,, ayant un Offi cie r i leu r tûte..Ils
nous firent arrêter à Ituftant.,. 8c nous leur
montrâmes nos Pafieports, pour lefquels ils
^ ’eurent aucun .égard., éifant que nous étions
des- t r am e s , qui vouFoient palfer du côté
de.s. ennemis.. Nous en étions- la lors qu’un
gieune Allemand , qui étoit parmy eux , s’ar
vança 8c leur reprefenca hardiment qu’ils
avoient tort , 8c qu’ils nous faifoient une
grande injuftice, fiirquoy l’un d’entr’eux lui
donna un grand coup de fouet, que; ce Lui-ey
DE C or N El EXE LE B R U Y nV $$}
' ©tiâ&jâ® de ne
tien craindre , 8c qu’un General s’avançoit
au grand pas vers nous, à la tête d’un Corps
de Cavalerie.: Se s compagnons, qui ne l’igno-
toient pas pfe retirèrent f au plus v î t e , 8c nous
lailférent emrepos. Nous n’en £dmes pas fur-
pris, fçachanc bien que ces gens*làj*q.ui fbû-fc
fort réfolus quaàdilslagit de piller, font des
lâ ch e s , lors qu’ils trouvent la moindre réli*
fiance ,. 8c prennent la fuite , aufii-tôt qu’ils
vo y en t t ombèr un de 1 eurs com pagn on s. L e
Corps de E ro u p e sd o n t le jeune-Allemand
venoit de nous parler , Eut â. nous en moins
d’un q u art-d’heure. Il étok- -co mnî an d é par
deux Aides de Camp Generaux, dont l’un étoit
Anglais, ôt l’autre. Allemand. L’Anglais, qui
noua connoifibit j nous fit mille Konnê tetez |4
êc nous lui apprîmes ce qui nous étokurrivé >.
en le priant de nous dire s’il croyoit que nous
piifiio ns avancer en fureté , iln ou s aifura que
la chofe étoit impofiible > tant parce que les
Cofaques Ruflîens croient encore occupez à
brûler ce qui reftoit de Villages * & à rompre
les Ponts^, que parce que nous ne pourrions
évité r la re n co nt r e de ceux qui étoient au fe r-
v ic e de la Suède , qui pillbient to,at cë qui
aofFroit à* le ur s y e u x , 8c n? épargnaient fo ü-
Vent pas mê me lai vie de ceùit qui avoient le
malheur de tomber entre leurs mains , 8c
qu’ainfi
1708 V
1. Février*