V O Y A E S
1707. dans l ’un defquels deux de nos '.chevaux de
j. Aiars. bâts fe renverfcrent , par l’ imprudence des
cohdu&çurs j mais on eut le bonheur de les
en retirer, fans avoir rien perdu , auffi-bien
qu’ un valet Arménien, qui étoit tombé de
Ion cheval* Nous rendîmes grâces à Dieu de
nous en être fi bien fauvez. Cependant ces
fortes d’accidents ne laiffoient pas de nous arriver
fouvent, nos chevaux étant des plus chétifs
j aufïi fus-je fouvent obligé de conduire
par la bride celui qui portoit mes hardes, de
crainte qu’elles ne ruiTent mouillées, bien que
j ’euffe eu la précaution de faire couvrir mes
coffres de toile cirée à Ifpahan, Enfin, après
avoir encore traverfé quelques canaux, nous
arrivâmes dans un lieu,, ou nous trouvâmes
plufieurs tentes couvertes de n o ir , & fur les
trois heures au Bourg deSauwa, qui efl fort
grand & reffemble â une Ville , étant ceint
d’une muraille de terre. On y voit de belles
Tours ,, 3c une grande Mofquée , couverte
d’ un dôme bleu g la cé , & un grand Cimetière
hors des portes. Ce lieu-là reiTemble de
loin à une Forêt, àcaufe des arbres qui y abon-,
dent, & qui font un très-bel effet en été. C ’év
toit autrefois une belle Ville i mais elle eft
toute ruinée aujourd’huy , comme plufieurs
autres Villes de Perfe. On y trouve cependant
plufieurs Çaravanferais allez commodes, &c
p n
de C o r n e i l l e le Br u y n .' 1 9 $
cm y paye un droit de iz . fols de chaque bête 17077
de charge. ' 7, Mars*
On nous apprit en cet endroit, que les che- Géorgie»
mins étoient remplis devoleurs, & nous trou- vo1 ï
vâmes dans nôtre Caravanferay un Geofgien
f Chrétien , auquel on avoir enlevé tout ce
qu’il avoit. Il nous dit qu’il y avoir iz .d e ces
voleurs à cheval ôt deux à pied, tous bien armez.
Nous lui fournîmes dequoÿ le reconduire
à Cachan, & le Commandant du lieu nous;
donna deux hommes à cheval pour nous ef-
eorter , n’ayantpoint de Soldats,. & une Lettre
au Magiftrat du premier V illa g e , où nous
devions paffer , avec ordre de nous fournir
cinq ou fix perfonnes armées.-Nous y reftâ*
mes cependant jufques au quatorzième pour
faire repofer nos chevaux, & puis nous nous
remîmesèn chemin. Après avoir traverfé 1 es
Montagnes > nous arrivâmes à Gangh , où fl
n ’y a que des Jardins & des Caravanferais
on nous y donna cinq hommes, armez dé fù-
fils 8c de fabres, avec 1 efqueismous continuâmes
nôtre route 'jufques à Çosiaroe , qui eft à
huit lieues de l’endroit d’011 nous étions par-
ctis lematin. Lelendèm^ainnousentrâmes dans*
les Montagnes Vqui étoient remplies d’eauf "
^ après être fortis de ces lieux, où fe tiennent
ordinairement.les voleurs dont' on vient de
p ar1er *nous renvoyâmes l’ efcorte qu’on nous
avoir