H. luillet.
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te du Soleil, ce qui fait qu’ils tiennent toujours
les yeux à demÿ fermez, & qu’ils ne
, paroilfent pas pendant le jour. Cette Dame
croit fi gralfe, qu’on ne lui voyait les yeux
Enfants du qu’à peine. Le Roy ,fit venir enfuite6. de fes
y~ Enfants, qu’on plaça à t^ble | deux à deux,
dan s une -ch ai-fe, parce qu’ils croient encore
fort petits. C ’étoient ceux de la Reine, dont
on vient de parler. Ils étoient beaux & bienfaits
, & blancs comme de la neige. Il y avait
i.'Princes, & 4. Princefles, dont l’aînée avoir
9 . ans.. Enfin, le Roy me fit demander fi j ’é?
rois fatisfait de la r-eceptian qu’il m’avoit fai-
té , à quoy je repondis qu’il m’avoit fait mil-
Gràcepar- le fois plus d’honneur que je ne méritois,. Ce
l'aite^rAu- PrinÇe ajouta ' V-ous êtes le premier Européen que
tcitï. ~ > j ’aye admis dans ma Sale d'Audience ceft un honneur
que je nay jamais fait aux Confèillers de la Compagnie
des Indes , ny au Commandant, je ne te fais que
parce que n)ous êtes un étranger , que je trouve fort à
mon gré. je <-voùs le dis de ma propre bouche. , afin que
ruous nen puiffie^ douter. Je me levay & fis une
profonde révérence à Sa Majefté, que je re-?
merciay très-humblement de toutes fes bon-
t e z , fùrquoy elle me fit encore l ’honneur de
me donner la main. Le Secrétaire m’avoit
déjà d i t , lorfque la Reine parut, que c’étoic
une grâce , que le Roy 11’avoit jamais faite à
perfonne > 8c que lorfque le Commandant 8c
fa ;
d e C o r n e i l l e l e B r u y n : s f
fa femme venoient Vendre leurs devoirs à la
Reine , on fe coritentoit de les recevoir en
haut, dans un appartement particulier, fans
que Cette Princefles fe fût jamais montrée à
des Etrangers dans ce lieu public. Cependant
en fe mit à fumer , 8c la principale Danfeufe
à danfer. Elle: avoit fur la tête une couronne
d’or, avec des fêlions de fleurs, qui luipen-
doiént jufques- à la ceinture , 8c d’autres ornements
au-deflus de la tête une belle vefte,
8c une jupe magnifique, 8c les bras nuds juf-
ques aux épaules , avec de grandes menotes
d’or, au haut du bras, & au poignet. Ce qui
me parut le plus extraordinaire , ceft qu’elle
avoit des taches vertes-fur les joues ,. 8c
fourciPs de là même couleur. Sa danfenecon-
fifloit qu’en de certains mouvements du
corps , qu’elle tenoitcourbé jufques àlacein-
ture , fans air & fans agrément, avançant
très-lentement ,> de prefque fans remuer les
bras. Elle prit enfuite deux poignards nuds,
d’un defquels, elle fe mit la pointe fur la gorge
, en dan fiant toujours , avec une gravité
furprenante. Les deux autres Danfeufes
avoient le vifage remply de taches noires
comme des mouche^.Gelles-cy n’àyoient pour
tout habillement qu’une vefte un caleçon
par-deflus la chemife. Elles firent une feene
comique , dont elles s’aquittérent parfaite-.
I ment
170(1.
i i ; Jmllee.-
Habille-
ment cTimor
Danfeufe^
Autres
Dauieufes#