Nains.
GG y O Y A G E S
rï yoG. ment bien. L’une reprefentoit un Hollandais,'
ik Juillet. & l’autre j quibaragoiiinoit nôtre langue, fe
plaignoit de ce qu’il donnoit à d’autres > ce
qui lui appartenoit de droit.Elle fe donnoit de
grands, mouvements, ôc faifoit mille contor-
fions; du vifage ôc du corps , ôc des gefticula-
dons in décentes,avec une célérité ôc une fou^
plefle furprenante ,c e qui fit bien rire toute la
c ompagnie .Il parut en fuit edeux n ai ns du Ro y,»
qui tachèrent d’imiter Se de tourner enridicu*
le cette danfe.Le Roy avoit mariéle pLuspetity
qui eft aulïi Celui dont les m anieres font les ptùs>
comiques, à une femme de la Cour , qu’il me
montra- La principale Danfeufe parut une fe-
conde fois fur la fcehe,ayec une petiteécuelle
d’argent remplie de Piefang3£ruh qu’on miche,.
& don t on a déj a p ar 1 é. El 1 e me 1 ’oifri t,auffi*b ie n
qu’au Secrétaire, & nous le prîmes 6c mîmes de:
l ’atgenaralapiadèdô'ce fruit, comme cela fer
pratique ordinairement. Pendant qu’on reprefentoit
cette farce, on apporta encore des;
earbonades chaudes , envelopéès* dans des
feuilles‘vertes . Le Roy en donna une a fa plus*
agréable des Danfeufe s qui la déchira aflez.
groffiérement, en jettant les morceaux dans,
fa bdüc^ V q ufelle en remplit, fans difconti-
nuër de parler , quoy que trèsdmparfaite-
ment. Pendant qu’elié jettoit de cette manière
un morceau dans fa bouche, elle en far-
H H
de C o r n e i l l e le B r u y n ; ‘Gy
foit relfortir l ’autre i ôc en s’approchant de
nous , comme pour nous parler , elle faifoit
des grimaces effroyables. Cela dura jufques
à deux heures après-midyi ôc tout étant finy,
la Danfeufe nous rapporta l’argent que j ’avois
mis dans fon écuellë i mais je ne voulus pas
le reprendre , 6c la priay de le garder, en lui
difant , que ce n’étoit pas la maniéré parmy
nous, de reprendre ce qu’on avoit donné. Le
Roy me conduifit enfuite, dans tous les ap- .
partements de fon Palais, depuis le haut jufques
en bas , après* s’être déchauffé pour monter
, comme nous fîmes àfon exemple, ce lieu-
là étant eftimé Sacré. Il me mena jufques dans
les appartements de la Reine , dont je trou-
vay les chambres alfez petites^ Enfin, après
avoir eu l’honneur d’entretenir a fiez long-,
tems ce Prince fur plufieurs fujets* il me congédia
, 6c me pria de faire fes compliments
à Mr. le Général. Je rendis mille grâces à Sa
Majefté de l’honneur qu’elle m.’avoit fa it , 6c
lui fèuhaittây* une fanté: parfaite 3 9i|n régne
heureux 6c fortuné, 6c que fes Suéceffeurspûf-
fent répondre* à la gloire de leurs illullres
Prédécelfeurs. Le Roy eût la bonté de me fou-
haiter, de fon côté , beaucoup de profpérité,
6c un heureux retour en ma patrie. Il me con-
duifit enfuité, par une galerie de bois, dans
un autre édifice, ayant été accompagné juf-
I ij . ques-là
tyo'G.
j. Juillet.]