Î M H r S T O I R E N A T U R E L L E
fupérieure du haut du cou il y a de chaque côté une petite ligne
longitudinale dé duvet noir, & l’efpace contenu entre ces deux
lignes eft d’un jaune terne ; les côtés du haut du cou font d’une
couleur rouge, qui fe change en defcendant par nuances en jaune ;
au-deffous de la partie nue du cou eft une elpèce de collier ou
de frailè, formée par des plumes douces aflèz longues, & d’un
cendré foncé ; ce collier qui entoure le cou entier & defcend fur
la poitrine, eft aflèz ample pour que l’oifeau puiflè, en fe reflèr-
rant, y cacher ion cou & partie de fa tête, comme dans un
capuchon, & c’eft ce qui a fait donner à cet oifeau le nom
de moine (f) par quelques Naturaliftes ; les plumes de la poitrine,
du ventre, des cuiflès, des jambes, & celles du deflbus
de la queue font blanches & teintes d’un peu d’aurore ; celles
du croupion & du deflùs de la queue varient, étant noires dans
quelques individus & blanches dans d’autres; les autres plumes
de la queue font toujours noires , auffi-bien que les grandes
plumes des ailes, lefquelles font ordinairement bordées de gris ;
la couleur des pied».& des ongles n’eft pas la même dans tous
ces oiièaux, les uns ont les pieds d’un blanc fale ou jaunâtre &
les ongles noirâtres ; d’autres ont les pieds & les ongles rougeâtres,
les ongles font fort courts & peu crochus.
Cet oifeau eft de l’Amérique méridionale & non pas des
Indes orientales, comme quelques auteurs l’ont écrit (g ).;
( f ) Vultur rnonachus. M onck. R ex Warwarum. Averti M ont^furgï vidi cujus figura tn
aviano p iâ o Rareithano. Calvitium quafii rafium habet. Collum rndum in vaginâ cutaneâ,
plumis cinereis lanatis fim briatâ recondere pote f i. Kle in, Ordo A v i. pag. 4 6.
( g ) Albin, dit que celui qu’il a defliné étoit venu des Indes orientales par un vaiflèau
Hollandois appelé le Pallampank, part. I I I , page a , n.° 4 . M . Edwards dit aufli que
fes gens qui montroient ces oiièaux à la foire de Londres, afluroient qu’ils venoiént des
Indes orientales; mais que néanmoins il croit qu’ils font de l’Amérique. ■
Celui que nous avons au cabinet du Roi a été envoyé de
Cayenne: Navarette en parlant de cet oifeau, dit (h) u j’ai vûj
à Acapulco le roi des •çopilotes ou vautours, c’eft un des plus «
beaux oifeaux qu’on puiflè voir, &c. » Le fleur Perry, qui fait
à Londres commerce d’animaux étrangers, a afliiré à M , Edwards
que cet oiièau vient uniquement de l’Amérique : Hernandès, dans
fon Hijloire de la nouvelle EJpagne, le décrit de manière à ne
pouvoir s’y méprendrej^EeroaiiJèo, Nicranbcrg & de Laët (i)
qui tous_on*'copié la defeription de Hernandès, s’accordent à dire,
que cet oifeau eft commun dans les terres du Mexique & de la
nouvelle Efpagne; & comme dans le dépouillement que j’ai fait
des ouvrages des voyageurs, je n’ai pas trouvé la plus légère indication
de cet oifeau dans ceux de l’Afrique & de l’Afie, je penfe
qu’on peut aflùrer qu’il eft propre & particulier aux terres méridionales
du nouveau continent, & qu’il ne le trouve pas dans
l’ancien ; on pourrait m’objeéler, que, puifque l’ouroutaran ou
aigle du Brefil fe trouve de mon aveu, également en Afrique
( h ) V o yez le Recueil des Voyageurs, par PurchalT, page 7 3 3 »
( i ) Il y a dans la nouvelle Efpagne une incroyable abondance & variété de beaux
oiièaux, entre lefquels on eftime exceller le Cofquauhtli ou A u ra , comme les Mexicains
le nomment, de la grandeur d’une poule d’É gypte, qui a les plumes noires par-tout le
corps, excepté au cou & autour de la poitrine où elles font d’un noir rougiiTant ; les ailes
font noires & mêlées de couleur cendrée, pourpre & fauve au refte; les oQgles font recourbés;
le bec femblable au papagais, rouge au bout; les trous des narines ouverts; les
yeux noirs, les prunelles fauves; les paupières de couleur rouge, & le front d’un rouge
de fàng & rempli de plufleurs rides, lefquelles il fronce & ouvre à la façon de? coqs
d’inde, où i l ÿ a quelque peu de poil crépu comme celui des Nègres; la queue eft
frmhiable à celle d’un aigle, noire deflùs & cendrée d e flb u s II y a un autre
oifeaû de même efpèce, que lés Mexicains nomment T io p ilo tl D e Laët, H i f i. du nouveau
M on d e, liv. V , chap. i v , p. 14^ & 1 4 4 . N ota. C e fécond oifeau, appelé T io p ilo tl
par les Mexicains, eft un vautour, car celui qu’on appelle roi des Vautours a été auflx
nommé roi des Copilotes.