G R A N D A I G L E (a).
Voye^ les planches enluminées, n. 4.1 0.
L A première elpèce eft le grand Aigle que Belon, après
Athénée, a nommé l’aigle royal ou ïe roi des oifeaux; c’eft
en effet î’aigle cfefpèce Franche & de race noble, appelé par
cette raiion A 'm 't jmâci par Ariftote ( b ) , & connu de nos
Nomenclateurs fous le nom S aigle doré ( c ) ; c’eft le plus
grand de tous les aigles, la femelle a jufqu’à trois pieds &
demi de longueur depuis ïe bout du bec julqua ï’extrémité
( a ) E n G r e c , A r a s y im x ; Arirtot. Xpusstras, Oppian. E n Arabe, Ztm m ach, félon
plufieurs Auteurs ; N efir, félon Léon-f Africain. Guillaume T a rd if, dans Ibn petit Traité
de la Fauconnerie, dît qu’on appelle cet aigle M eapan, en langue Syriaque; Ph'iladelphe,
en langue grecque; & Milion, ‘en langue latine; mais cette dernière dénomination eft fran-
çoilè, & n’a jamais été appliquée à l’aigle : c’eft le milan, que par corruption quelques-uns
de nos vieux Écrivains ont appelé M ilion . Gefiier & Aldrovande difènt que les Hébreux
appellent l’aigle, N efer; les Chaldéens, M fira; les Arabes, N efer, A ch a lg a g ila , Xummach,
Aukeh, Haukeb les Syriens, Napan ( c e qui ne s’éloigne pas du Meapan de Guillaume
T ard if) ; les Perfàns, A n f i muger; en Latin, A quila fu liia ; enElpagnoI, A quila coronada;
en Allemand, Adeler quafi A d e l, A a r; en Polonois, Orzelpriedni ; en Anglois , Golden-
E agle ; en François, le grand A ig le , l’A ig le royal, l'A ig le noble, l’A ig le dore', l’A ig le roux,
l’A ig le fauve.
( b ) Sextum genus ( aquilae) gnefium, id e fi verum, germanumque appellant. Unum hoc ;
ex omni avium genere, efte veri incomptique ortûs creditur. Cotera etnm généra & aquilarum
& accipitrum, & minutarum etiam avium promificua adulterinaque invicem procréant. Maxima
aquilarum omnium hoc e ft, major etiam quam oftifraga. S ed coteras aquilas vej fefqui-altera
portione excedit. Colore eft rufa, confpeilu rara. Ariftot. H ift. anim. lib. I X , cap. x x x n .
( c ) V o y e z la planche de la Zoologie Britannique. L ’aigle doré. BrilTon, tome I ,
page 4 3 1 .
des pieds, & plus de huit pieds & demi de vol ou d’envergure;
elle pèfe feize ( d) & même dix-huit livres (e ), ïe mâle
eft plus petit & ne pèfe guère que douze livres. Tous deux
ont le bec très-fort & affez femblable à de la corne bleuâtre;
les ongles noirs & pointus dont le plus grand, qui eft celui de
derrière, a quelquefois jufqu’à cinq pouces de longueur ; íes yeux
font grands, mais paroiffent enfoncés dans une cavité profonde que
ïa partie fupérieure de l’orbite couvre comme un toit avancé;
ï’iris de ï’oeiï eft d’un beau jaune clair, & brille d’un feu très-,
vif; ï’humèur vitrée eft de couleur de topaze; ïe cryftalïin qui eft
foc & foïide, a ïe brillant & ï’écïat du diamant; ï’oefophage fe
dilate en une large poche qui peut contenir une pinte de liqueur;
leftomac qui eft au-deifous n’eft pas, à beaucoup près, auffi
grand que cette première poche, mais il éft à peu-près également
fouple & membraneux. Cet oifeau eft gras, fur-tout en hiver, là
graiffe eft blanche, & là chair, quoique dure & fibreufe, ne font
pas le làuyàge comme celle des autres oifeaux de proie ( f ) .
( d ) Klein, Ordo avium, pag. 40.'
(e) N ota. Vo ic i ce que m’a écrit un de mes amis ( M . Hébert, Receveur général à
D i jo n ) , qui a fait de très-bonnes obiërvations iùr les oilèaux, qu’il m’a communiquées, &
que j’aurai quelquefois occafion de citer avec reconnoiiîânce. J’ai v u , dit-il, dans le pays
de Bugey de deux efpèces d’aigles: le premier fut pris au château de Dorlau, dans un filet
à l’appât d’un pigeon vivant; il pefôît dix-huit livres, il' étoit de couleur fauve (c'eft le
grand aigle, le même qui eft reprélênté dans la Zoologie Britannique, planche A .) : d étoit
très-fort & très-méchant, & blefîà cruellement au lèin une femme qui avoit foin de la
faiiànderie: l’autre étoit prefque noir. J’ai encore vu l’une & ' l’autre eij>èce de ces aigles à
Genève, où on les nourriiîbit dans des cages féparées; ils ont tous deux les jambes couvertes
de plumes juiqu’à la naiflànce des doigts, & les plumes de leurs cuiflès font fi longues & fi
touffues qu’on croirait, en voyant ces oifeaux d’un peu loin, qu’ils font pôles for quelque .
petite éminence. On croit qu’ils font de pafiâge en Bugey; car, on ne les y voit guère
qu’au printemps & en automne.
( f ) Schwenckfeld, A v i. f il. pag. 2 1 6 .