L E L A N I E R (a).
C jE T oiièau qu’AIdrovande appelle Laniarias gallorum, &
que Belon dit être naturel en France, & plus employé par les
Fauconniers qu’aucun autre, eft devenu fi rare que nous n’avons
pu nous ie procurer ; il n’eft dans aucun de nos cabinets, ni
dans Jes fuites d’oifeaux coloriés par M ." Edwards, Frifch &
Jes Auteurs de Ja Zoologie Britannique; Belon Jui-même, qui
en fait une defcription aifez détailfée, n’en donne pas ïa figure;
il en eft de même de Gefner , d’AJdrovande & des autres
Nantraiiftes modernes. M.rs Briffon & Salerne avouent- ne
l’avoir jamais vu : la Jëule repréfentation qu’on en ait eft dans
Albin, dont on fait que les planches font très-mal coloriées. IJ
paroît donc que Je Janier qui eft aujourd’hui fi rare en, France>
la également & toujours été en Allemagne, en Angleterre, en
Suilfe, en Italie, puifqu’aucun des Auteurs de ces différons pays
n’en ont parié que d’après Belon : cependant il fe retrouve en
Suède, puifque M. Linnæus Je met dans la lifte des oifeaux
de ce pays , mais il nen donne qu’une légère delcription, &
point du tout l’hiftoire : ne le connoiflànt donc que par les indications
de Belon , nous ne pouvons rien faire de plus que de
( a ) En Italien, Lfttnero; en Allemand, Swimere ou Schmeymer; en Anglois & en
François, on appelle le mâle Lannereu — L anioe Belon, H iß . nat. des Oifeaux, page 123.
N ota. Lamer vient du latin laniare, déchirer, parce que cet oifêaii déchire cruellement les
poules & les autres animaux dont il fait ià proie. Lanneret eft le diminutif de lanier, & ceft
pour cela qu’on appelle le mâle Lanneret, qui eft confidérablement phis petit que la femelle.
Laniatius gallorum. Aldrov. A v i. tom. I , pag. 4 8 8 . — Petit Lanier. Alb in , tome I I ,
page 4 , planche V it , avec une figure coloriée. — Falca pedibus roflroque coeruleis, maculis
dlbis nignjque longïtudinalibus. Linn. Faun. Suec. n.° ¿ 1 . L e Lanier. Briflbn, Omithoï.
tome I , page 363.
les rapporter ici par extrait, ce Lé lanier ou faucon-Ianier , dit-il,
fait ordinairement fon aire en France, fiir les plus hauts arbres
des forêts ou dans les rochers îes plus élevés : comme il eft
d’un naturel plus doux & de moeurs plus faciles que les faucons,
ordinaires, on s’en fert communément à tous propos. Il eft
de plus petite corpulence que le faucon-gentil, & de plus
beau plumage que le facre, lur-tout après la mue ; il eft auffi
plus court empiété que nul des autres faucons. Les Fauconniers
choififfent le lanier ayant groffe tête, les pieds bleus &
orés; le lanier vole tant pour rivière que pour les champs ; il
lupporte mieux la nourriture de greffes viandes qu’aucun autre.
faucon ; on le reconnoît fans pouvoir s’y méprendre, car il
a le bec & les pieds bleus; les plumes de devant mêlées de
noir fur le blanc, avec des taches droites le long des plumes,
& non pas traverfées comme au faucon. . . . quand il étend
fes ailes, & qu’on les regarde par-deflous, les taches parodient
différentes de celles des autres oifeaux de proie ; car elles font
fèmées & rondes comme petits deniers. Son cou eft court &
aflëz gros, auffi-bien que fon bec ; on appelle la femelle lanier, j
elle eft plus grofïè que le mâle qu’on nomme lanneret : tous
deux font allez femblables par les couleurs du plumage ; il n’eft
aucun oifeau de proie qui tienne plus conftammentfà perche, -
& il refte au pays pendant toute l’année; on l’inftruit aifément >
à voler & prendre la grue: la fàifon où il chaffe le mieux eft .
après la mue, depuis la mi-juillet jufqu’à la fin d’oélobre;,mais ■
en hiver il n’eft pas bon à l’exercice de la chaflè ».