l’on voit dans celui-ci, pluiieurs efpèces d’oifeaux, pondre deux
& même trois fois dans un été, mais auffi ie nombre des oeufs eft
moins grand dans toutes ces efpèces, & le temps de l’incubation
eft plus court dans quelques-unes. Ainfî, quoique les oifeaux
foient en puiffance bien plus prolifiques que les quadrupèdes, ils
ne le font pas beaucoup plus par l ’effet; les pigeons, les tourterelles,
&c. ne pondent que deux oeufs; les grands oifeaux de
proie n’en pondent que trois ou quatre, la plupart des autres
oifeaux cinq ou fix; & il n’y a que les poules & les autres gallinacés,
tels que le paon, le dindon, le faifiin, les perdrix & les
cailles qui produilènt en grand nombre.
La difette, les foins, les inquiétudes, le travail forcé, diminuent
dans tous les êtres les puilîânces & les effets de la génération.
Nous l’avons vu dans les animaux quadrupèdes, & on le voit
encore plus évidemment dans les oifeaux ; ils produilènt dautant
plus qu’ils font mieux nourris, plus choyés, mieux fèryis; & fi nous
ne confidérons que ceux qui font livrés à eux-mêmes, & expofés
à tous les inconvéniens qui accompagnent l’entière indépendance,
nous trouverons qu’étanî continuellement travaillés de befoins,
d’inquiétudes & de crainte, ils n’ulènt pas, à beaucoup près,
autant qu’il fe pourrait, de toutes leurs puiffances pour la génération;
ils femblent même en ménager les effets, & les proportionner
aux circonftances de leur fituation. Un oilèau après avoir
conftruit fon nid & fait fa ponte que je fiippofe de cinq oeufs,
ceflè de pondre, & ne s’occupe que de leur confervation; tout
le relie de la faifon fera employé à l’incubation & à 1 éducation
des petits, & il n’y aura point d’autre ponte; mais fi par halârd
on brife les oeufs, on renverlë le nid, il en conftruit bientôt un
autre, & pond encore trois ou quatre oeufs, & fi on détruit ce
fécond ouvrage comme le premier, l’oifoau travaillera de nouveau,
& pondra encore deux ou trois oeufs; cette foconde & cette
troifièmç ponte dépendent donc en quelque forte de la volonté
de l’oifeau : lorlque la première réuffit, & tant qu’elle 'fubfifte, il
ne fo livre pas aux émotions d’amour & aux autres affedions
intérieures qui peuvent donner à de nouveaux oeufs la vie végétative
néceflàire à leur accroiffement & à leur exdufion au
dehors ; mais fi la mort a moiflonné là famille naifîânte ou prête
à naître, ilfe livre bientôt à ces affedions, & démontre par un
nouveau produit, que fes puilîânces pour la génération n’étoient
que fufpendues & point épuifées, & qu’il ne fe privoit des plaifirs
qui la précèdent, que pour lâtisfaire au devoir naturel du foin de
fa famille. Le devoir l’emporte donc encore ici fur la paffion , &
l’attachement for l’amour ; l’oifeau paraît commander à ce dernier
fentiment bien plus qu’au premier, auquel du moins il obéit toujours
de préférence; ce n’eft que par la forcé qu’il fe départ de
l’attachement pour fes petits, & c’eft volontairement qu’H renonce
aux plaifirs de l’amour, quoique très en état d’en jouir.
De la même manière que dans les oifeaux, les moeurs font
plus pures en amour, de même aulîî les moyens d’y fatisfaire
font plus fimples que dans les quadrupèdes ; ils n’ont qu’une feule
façon de s’accoupler (h ), au lieu que nous*avons vu, dans les
quadrupèdes, des exemples de foutes les fituations (i); feulement
il y a des efpèces, comme celle de la poule, où la femelle s’ahailîç
( h ) Genus avium omne eodem tüo ac fim plici more conjungilur, nempe, faminam mare
fupergrediente. Ariftot. H ifl. anim. üb. V , cap. v in .
( ï ) N ota. La famille du chameau s’accroupit ; celle de l’éléphant le renverfe fur le dos.
Les hériffons s’accouplent face à face, debouts ou couchés; & les linges de toutes-les
façons.