D i s c o u r s
général eft plus longue & ne fuit pas les mêmes règles, les
mêmes proportions que dans les animaux quadrupèdes; Nous
avons vu que dans l’homme & dans ces animaux, la durée de
la vie eft toujours proportionnelle au temps employé à l’accroif-
femênt du corps, & en même temps nous avons obfervé qu’en
général, ils ne font en état d’engendrer que lorfqu’ils ont pris
la plus grande partie de leur accroilfement. Dans les oifeaux
l’accroiflèment eft plus prompt, & la reproduftion plus précoce;
un jeune oifeau peut fe fervir de fes pieds en fortant de la coque,
& de fes ailes peu de temps après; il peut marcher en nailîànt
& voler un mois ou cinq femaines après £ naiifance; un coq
eft en état d’engendrer à l’âge de quatre mois, & ne prendfon
entier accroilfement qu’en un an ; les oifeaux plus petits le prennent
en quatre ou cinq mois ; ils croiffent donc plus vite & produi-
fent bien plus tôt que les animaux quadrupèdes, & néanmoins ils
vivent bien plus long-temps proportionnellement; car, la duree
totale de la vie étant dans l’homme & dans les quadrupèdes,
lix où fept fois plus grande que celle de leur entier accroiffement;
il s’enfuivroit que le coq ou le perroquet qui ne font qu’un an
à croître ne devraient vivre que fix ou fept ans, au lieu que
j’ai vu grand nombre d’exemples bien différens; des linottes pri-
fonnières & néanmoins âgées de quatorze & quinze ans , des
coqs de vingt ans & des perroquets âgés de plus de trente ; je
fuis même porté à croire que leur vie pourrait s’étendre' bien
au-delà des termes que je viens d’indiquer (u ), & je fuis per-
fuadé qu’on ne peut attribuer cette longue durée de la vie dans
( a ) Un homme digne de foi m’a afinrf qu’un perroquet âgé d’environ quarante ¡p is ,.
avoit pondu £ms le concours d’aucun mâle, au moins de fon efpèce. — On a H K .
cygne avoit vécu trois cents ans; une oie, quatre-vingts; un onocrotale autant. Luigie Ce
le corbeau paffent pour vivre tris-long-temps. Encyclopédie, à l’article O ifem — Aldrovande
; êtres auffi délicats, & que les moindres maladies font périr,
qu’à la texture de leurs os dont la fubftance moins folide, plus
légère que celle des -os des quadrupèdes, relie plus long temps
poreufe ; en forte que l’os ne fe durcit, ne fe remplit, ne s’obftrue
pas auffi vite à beaucoup près que dans les quadrupèdes ; cet en-
durciffement de la fubftance des os eft, comme nous lavons dit,
la caufe générale de la mort naturelle : le terme en eft d’autant
plus éloigné que les, os font moins folides, c’eft par cette raifon’
qu’il y a plus de femmes que d’hommes qui arrivent à une vieil-
lelfe extrême; c’eft par cette même raifon que les oifeaux vivent
plus long-temps que les quadrupèdes, & les poifîons plus longtemps
que les oifeaux, parce que les os des poilîons font d’une
fubftance encore plus légère, & qui conferve fa duélilité plus
long-temps que celle des os des oifeaux.
Si nous voulons maintenant comparer un peu plus en détail
les oifeaux avec les animaux quadrupèdes, nous, y trouverons
pluiieurs rapports particuliers, qui nous rappelleront 1 uniformité
du plan général de la Nature; il y a dans les oifeaux, comme
dans les quadrupèdes, des. elpèces camaffières, & d’autres, auxquelles
les fruits, les grains, les plantes fuffifent pour fe nourrir.
La même caufe phyfîque qui produit dans l’homme & dans les
animaux la néceffité de vivre de chair & d’alimens très-febftan-
ciels, fe retrouve dans les oifeaux; ceux qui font camaffiers n’ont
qu’un eftomac & des inteftins moins étendus que ceux qui fe
nourrilfent de grains ou de fruits f x j ; le jabot dans ceux-ci, &
rapporte qtfun pigeon avoit vécu vingt-deux “ans; & qu’il n’avbit ceffé d’engendrer que
les fix dernières années de & v ie .— "Wlllulghby dit que les linottes vivent quatorze ans,
& les chardonnerets vingt-trois, &c.
( x ) En général, aux oifeaux qui le noumffent de chair; les inteftins font courts, &