arrive, vivent en paix, & chaflènt de concert, jufqu’à ce que le
fenthnent ou le befoin d’amour, plus fort que tout autre fentiment,
détruife les liens de cet attachement, & enlève les enfans à leurs
parens ; la famille ne le fépare que pour en former de nouvelles.
II eft aifé de reconnoître les pie-grièches de loin, non-fèù-
lement ì caule de cette petite troupe quelles forment après le
temps des nichées, mais encore à leur vol qui n’eft ni direél,
ni oblique à la même hauteur, & qui fe fait toujours de bas en
haut, & de haut en bas, alternativement & précipitamment ; on
peut auffi les reconnoître , fans les voir, à leur cri aigu trôuî
trouï, qu’on entend de fort loin, & qu’elles ne ceflènt de répéter
lorfqu elles font perchées au fommet des arbres.
Il y a dans cette première efpèce, variété pour la grandeur 5
& variété pour la couleur : nous avons au Cabinet une pie-
grièche qui nous a été envoyée d’Italie , & qui ne diffère de
la pie-grièche commune, que par une teinte de roux fur la poitrine
& le ventre (planche g 2 , figure 1 ) , on en trouve d’ab-
folument blanches dans les Alpes (b ) , & ces pie-grièches
blanches, auffthien que celles qui ont une teinte de roux fur le
ventre , font de la même grandeur que la pie-grièche grifè,
qui n’eft elle-mèrae pas plus graffe que le mauvis ( ~), autrement
la grive-mauviette (d ji mais H s’en trouve d’autres en Allemagne
(b ) Lanius albus. Aldrov. A v i. tom. I , pag. 3 8 7 . Cum icone•
■(c) Lanius major. Gefner, Av i. pag. 5 8 1 . Cum Icone. —— Pica cinerea feu lanius major.
Frifch, tab. l i x , avec des figures coloriées du mâle & de la femelle.
(d ) Nota. Elle diffère de la première en ce qu’elle eft [dus grande & plus grolle, &
en ce quelle a les plumes fcapulaires & les petites couvertures, du deifus des ailes d’une
couleur roufsâtre; mais comme d ie reflëmble par tout le refte à la pie-grièche commune,
ces différences, qui peut-être ne font pas générales ni bien confiantes, ne nous paroifîènt
pas {affilantes pour établir une elpèce diftjnéte & ieparée de la première..
& en Suiflè qui font un peu plus grandes , & dont quelques
Naturaliftes ont voulu faire une efpèce particulière, ' quoiqu’il
n’y ait aucune autre différence entre ces oifeaux que celle d’un
peu plus de grandeur, ce qui pourrait bien provenir de la nourriture
, c’eft-à-dire, de l’abondance ou de la difette des pays
quils habitent ; ainfi la pie-grièche grifè varie, même dans nos
climats d’Europe, par la grandeur & par les couleurs : on ne
doit donc pas être furpris C elle varie encore davantage dans des
dimats plus éloignés, tels que ceux de l’Amérique, de T Afrique
& des Indes; la pie-grièche grifè de la Louifiane (planche 4 7 6 ,
figure 2.J eft le même oifëau que la pie-grièche grifè d’Europe,
de laquelle elle paraît différer suffi peu que fa pie-grièche d’Italie ;
on n’y remarquerait même aucune différence bien fenfible, fi
elle netoit pas un peu plus petite & un peu plus foncée de
couleur fur les parties fupérieures du corps.
La pie-grièche du cap de Bonne-efpérance ( sj, (planche 4 7 7 ,
figure 1 ) , la pie-grièche grifè du Sénégal (pl. î y7 , fig. j J
& la pie-grièche bleue de Madagafcar (planche 2y 8, fig. 1 ) ,
font encore trois variétés très-voifines l’une de l’autre, & appartiennent
également à l’efpèce commune de la pie-grièche grifè
'le ) N ota. C ’eft à cette elpèce qu’on doit aüfli rapporter foifeau des Indes orientales;
que les Anglois qui fréquentent les côtes de Bengale ont appeTé D ha l-lird ( l’horloge ou
le cadran ) , & qui a été indiqué par A lb in , tome 111, page 8 , avec des figures coloriées
du mâle (planche x v i i ) , & de la femelle (planche x v m ) : « cette pie-grièche, dit-il,
eft grande à peu-près comme notre pie-grièche grifè, avec le bec noir, les. coins de la «
bouche jaunes, l’iris des yeux de la même couleur, les jambes & les pieds bruns:. le mâle «
a la tête, le cou, le dos, le croupion, les couvertures du delîùs de la queue, les plumes «
fcapulaires, la gorge & la poitrine noires; le ventre, les côtés & les couvertures du deffous «
de la queue blanches ; toutes les plumes de la queue également longues, noires en deffus «
& blanches en deflbus : la femelle ne diffère du mâle qu’en ce que les couleurs font moins «
foncées. »
Tome I. Oo o