quelles vomiflent enfuite, fans pouvoir la digérer ; elle pond
cinq oeufs qui font tachetés de blanc & de jaunâtre, & fait
fon nid prefqu a crud dans des trous de rochers ou de vieilles murailles.
M. Frifch dit que comme cette petite chouette cherche
la folitude, quelle habite communément les églifes, les voûtes,
les cimetières où l’on conftruit des tombeaux, quelques-uns 1 ont
nommée oifeau dléglife ou de cadavre, kircken-oder, leich
en-huhu, & que comme on a remarqué auffi quelle voltigeoit
quelquefois autour des maifons où il y avoit des mourans....
le peuple fiiperftitieux l’a appelée oifeau de mort ou de cad
a v r e , «’imaginant qu’elle préfageoit la mort des malades. M.
Frifch n’a pas fait attention que c’.ft à l’effraie, & non pas à là
chevêche qu’appartiennent toutes ces imputations, car cette petite
chouette eft très-rare en comparailbn de l’effraie; elle ne fe tient
pas comme celle-ci dans les clochers, dans les toits des églilès;
elle n’a pas le foufflement lugubre, ni le cri âcre & effrayant
de l’autre, & ce qu’il y a de certain, c’eft que fi cette petite
chouette ou chevêche eft regardée en Allemagne comme l’oifeau
de la mort, en France c’eft à l’effraie qu’on donne Ce nom
finiftre. Au refte, la chevêche ou petite chouette dont M.
Frifch a donné la figure, & qui le trouve en Allemagne, paroît
être une variété dans l’efpèce de notre chevêche ; elle eft beaucoup
plus noire par le plumage, & a auffi l’iris des yeux noir,
au lieu que notre chevêche eft beaucoup moins brune, & a
l’iris des yeux jaune : nous avons auffi au cabinet une variété
de l’elpèce de la chevêche, qui nous a été envoyée de Saint-
Domingue, & qui ne diffère de notre chevêche de France,
qu’en ce quelle a un peu moins de blanc fous la gorge, & que
la poitrine & le ventre font rayés tranfverlàlement de bandes
brunes allez régulières-, au lieu que dans notre chevêche, il n’y
a que des taches brunes femées irrégulièrement fur ces mêmes
parties.
Pour préfenter en raccourci, & d’une manière plus facile à
faifir, les carâétères qui diftinguent les cinq elpèces de chouettes
dont nous venons de parler, nous dirons; i.° Que la hulotte
eft la plus grande & la plus grollè, quelle a les yeux noirs,
le plumage noirâtre, & le bec d’un blanc jaunâtré, qu’on peut
la nommer la große chouette noire aux yeux noirs : 2,° Que
le chat-huant eft moins grand & beaucoup moins gros que la
hulotte, qu’il a les yeux bleuâtres r le plumage roux mêlé de
gris-de-fer, le bec d’un blanp^rdâtre, & qu’on peut l’appeler
la chouette rouße ¿g^ts-de-fer aux yeux bleus : 3.0 Que
l'effraie eft à parères de la même grandeur que le chat-
huant , quelle a les yeux jaunes , le plumage d’un jaune-blan-
châtre, varié de taches bien diftinéles, & le bec blanc avec
le bout du crochet brun, & qu’on peut l’appeler la chouette
blanche ou jaune aux yeux orangés : 4..0 Que la grande chevêche
ou chouette des rochers n’eft pas fi grande que le chat-
huant ni l’effraie, quoiqu’elle foit à peu près auffi grofîë, qu’elle
a le plumage brun, les yeux d’un beau jaune & le bec brun,
& qu’on peut l’appeler la chouette brune aux yeux jaunes à “
au bec brun : j.° Que la petite chouette ou chevêche eft
beaucoup plus petite qu’aucune des autres, qu’elle a le plumage
brun, régulièrement taché de blanc, les yeux d’un jaune pâle
& le bec brun à la bafe, & jaune vers le bout, & qu’on peut
l’appeler la petite chouette brune aux yeux jaunâtres, au bec
brun & orangé. Ces caraélères fe trouveront vrais en général ; les
femelles & les mâles de toutes ces elpèces fe reffemblant aflëz