confidérations particulières; & quoiqua certains égards die nous
foit moins connue que celle des quadrupèdes, nous tâcherons
néanmoins d’en faifir les principaux attributs, & de la préfenter
fous fon véritable afpeét, c’eft-à-dire, avec les traits caradériftiques
& généraux qui la conftituent.
Le fentiment ou plutôt la faculté de fentir, i’inilind qui n’eft
que le réfultat de cette faculté, & le naturel qui n’eft que
l’exercice habituel de Iinftinét guide & meme produit par le
fentiment, ne font pas, à beaucoup près, les memes dans les
différens êtres; ces qualités intérieures dépendent de 1 organifation
en général, &en particulier de celle des fens, & dles font relatives,
non-feulement à leur plus ou moins grand degre de perfedion :
mais encore a l’ordre de fiipériorite que met entre les. fens ce-
degré de perfedion ou d’imperfedion. Dans 1 homme ou tout
doit être jugement & raifon, le fons du toucher eft plus parfait-
que dans l’animal où il y a moins de jugement que de fentiment,
& au contraire l’odorat eft plus parfait dans l’animal que dans
l’homme, parce que le toucher eft le fons de la connoifîànce,
& que l’odorat ne peut être que celui du fontiment. Mais comme
peu de gens diftinguent nettement les nuances qui feparent les
idées & les fenfations, la connoilfance & le fentiment, la raifon
& l’inftind, nous mettrons à part ce que nous appelons chez
nous, raifonnement, difcernement, jugement, & nous nous bornerons
à comprer les différens produits du fimple fentiment, &
à rechercher les caufes de la diverfité de l’inftind qui, quoique
varié à l’infini dans le nombre immenfe des elpèoes d’animaux qui
tous en font pourvus, paraît néanmoins être plus confiant, plus
uniforme, plus régulier, moins capricieux, moins fujet à 1 erreur
que ne l’eft la raifon dans la feule efpèce qui croit la poiféder.
En comparant les fons qui font les premières puilîànces motrices
de l’inilind dans tous les animaux, nous trouverons d’abord
que le fons de la vue eft plus étendu, plus vif, plus net &
plus diftind dans les oifeaux en général que dans les quadrupèdes;
je dis en général, parce qu’il paraît y avoir des exceptions des
oifeaux qui, comme les hibous, voient moins qu’aucun des
quadrupèdes; mais c’eft un effet particulier que nous examinerons
à part, d’autant que fi ces oifeaux voient mal pendant le jour,
ils voient très-bien pendant la nuit, & que ce n’eft que par
un excès de fenfibilité dans l’organe, qu’ils ceflènt de voir à
une grande lumière : cela même vient à l’appui de notre affer-
tion, car la perfeétion d’un fens dépend principalement du degré
de la fenfibilité; & ce qui prouve qu’en effet l’oeil eft plus
parfait dans l’oifeau, c’eft que la Nature l’a travaillé davantage.
■ JH y a, comme l’on lait, deux membranes de plus, l’une extérieure
& l’autre intérieure, dans les yeux de tous les oifeaux,
qui ne fe trouvent pas dans l’hommè; la première (c), c’eft-à-
dire, la plus extérieure de ces membranes eft placée dans le
grand angle de l’oeil, c’eft une fécondé paupière plus tranfpa-
rente que la première, dont les mouvemens obéiffent également
à la volonté, dont l’ulàge eft de nétoyer & polir la cornée, &
qui leur fort auflx à tempérer l’excès de la lumière, & ménager
par conféquent la grande fenfibilité de leurs yeux; la fécondé
( :IJ cil fituée au fond de l’oeil, & paraît être un épanouiffement
(c) Nota. Cette paupière interne iè trouve dans plufieurs animaux quadrupèdes ; mais,
dans la plupart, elle n’eft pas mobile comme dans les oilèaux.
( d ) Dans les yeux d’un coq Indien, le nerf optique, qui étoit fitué fort à côté, après
avoir percé la iclérotique & la choroïde, s’élargiftoit & formoit un rond, de la circonférence
duquel il partoit plufieurs filets noirs qui s’uniflbient pour former une membrane, que ndus
j avons trouvée dans toits les oifeaux. — Dans les yeux de l’autruche, le nerf optique ayant