du nombre total des oiièaux qui foient camaiïîers, tandis que
dans les quadrupèdes il y en a plus du tiers.
Les oifeaux de proie étant moins puiffans, moins forts &
Beaucoup moins nombreux que les quadrupèdes carnaffiers, font
auffi beaucoup moins de dégât fur la terre ; mais en revanche,
comme fi la tyrannie ne perdoit jamais fes droits, il exifte une
grande tribu d’oifeaux qui font une prodigieufe déprédation fitr
les eaux. II n’y a guère parmi les quadrupèdes que les caftors,
les loutres, les phoques & les morfes qui vivent de poiiïôn; au
fieu qu’on peut compter un très-grand nombre d’oifeaux qui
n’ont pas d’autre lubfiltance. Nous féparerons ici ces tyrans de
l’eau des tyrans de l’air, & ne parlerons pas dans cet article de
ces oifeaux qui ne font que pêcheurs & pifcivores ; ils font pour la
plupart d’une forme très-différente, & d’une nature affez éloignée
des oifeaux carnaffiers; ceux-ci fàififfent leur proie avec les ferres,
ils ont tous le bec court & crochu, les doigts bien féparés &
dénués de membranes, les jambes fortes & ordinairement recouvertes
par les plumes des cuiifes, les ongles grands & crochus,,
tandis que les autres prennent le poiffon avec le bec qu’ils ont
droit & pointu, & qu’ils ont auffi les doigts réunis par des
membranes, les ongles foibles & les jambes tournées en arrière.
En ne comptant pour oifeaux de proie que ceux que nous
venons d’mdiquer, & féparant encore pour un mitant les oifeaux
de nuit des oifeaux de jour, nous les préfenterons dans Tordre
qui nous a para le plus naturel; nous commencerons, par les
aigles, les vautours, les milans, les bufes; nous continuerons par
les éperviers, les gerfauts, les faucons; & nous finirons par les
émérillons & les pie-grièches: plufieurs de ces articles contiennent
un affez grand nombre d’efpèces & de races confiantes, produites
par l’influence du climat; & nous joindrons à chacun les oifeaux
étrangers qui ont rapport à ceux de notre climat. Par cette
méthode, nous donnerons non-feulement tous les oifeaux du
pays, mais encore tous les oifeaux étrangers dont partent les
Auteurs, & toutes les efpèces nouvelles que nos correfpondances
nous ont procurées, & qui ne laiffent pas d’être en affez grand
nombre.
Tous les oifeaux de proie font remarquables par une fingularité
dont il eft difficile de donner la raifon; c’eft que les mâles font
d’environ un tiers moins grands & moins forts que les femelles,
tandis que dans les quadrupèdes & dans les autres oifeaux, ce
font, comme Ton fait, les mâles qui ont le plus de grandeur &
de force : à la vérité, dans les infeétes & même dans les poiflons,
les femelles font un peu plusgroffes que les mâles, & Ton en voit
clairement la raifon ; c’efl la prodigieufe quantité d’oeufs qu’elfes
contiennent qui renfle leur corps; ce font fes organes deftinés à
cette immenfe produétion qui en augmentent fe volume apparent;
mais cela ne peut en aucune façon s’appliquer aux oifeaux, d’autant
qu’il paroît par le fait que c’eft tout le contraire; car, dans ceux
qui produifent des oeufs en grand nombre , les, femelles ne font
pas plus grandes que les mâles; les poules, les canes, les dindes,
les poules-faifanes, les perdrix, les cailles femelles, qui produifent
dix-huit Ou ÿingt oeufs, font plus petites que leur mâle; tandis
que les femelles des aigles, des vautours, des éperviers, des
milans & des bufes, qui n’en produifent que trois ou quatre,
font d’un tiers plus groffes que les mâles ; c’eft par cette raifon
qu’on appelle tiercelet le mâle de toutes les efpèces d’oifeaux de
proie: ce mot eft un nom générique & non pas fpécifique,
comme quelques Auteurs font écrit ; & ce nom générique