indique feulement que le mâle ou tiercelet eil d’un tiers environ
plus petit que la femelle.
Ces oifeaux ont tous pour habitude naturelle & commune le
goût de la chalfe & l’appétit de la proie, le vol très-élevé,
M e & la jambe fortes, la vue très-perçante, la tête groflè, la
langue charnue, l’eftomac fimple & membraneux, les inteftins
moins amples & plus courts que les autres oifeaux ; ils habitent
de préférence les lieux folitaires, les montagnes délèrtes, & font
communément leur nid dans les trous des rochers ou fur les plus
hauts arbres; l’on en trouve plufîeurs elpèces dans les deux con-
tinens, quelques-uns même ne paroillènt pas avoir de climat fixe
& bien déterminé; enfin ils ont encore pour caradères généraux
& commun le bec crochu, les quatre doigts à chaque pied, tous
quatre hien féparés ; mais on diftinguera toujours un aigle d’un
vautour par un caraâère évident; l’aigle a la tête couverte de
plumes, au lieu que le vautour l’a nue & garnie d’un fimple
duvet, & on les diftinguera tous deux des éperviers, bulès, milans
& faucons par un autre caraélère qui n’eft pas difficile à faillir,
c’eft que le bec de ces derniers oifeaux commence à fe courber
dès fon infertion, tandis que le bec des aigles & des vautours
commence par une partie droite, & ne prend de la courbure
qu’à quelque diftance de Ion origine.
Les oifeaux de proie ne font pas auffi féconds milles autres
oilèaux; la plupart ne pondent qu’un petit nombre d’oeufs, mais
je trouve que M. Linnæus a eu tort d’affirmer qu’en général
tous ces oifeaux produifoient environ quatre oeufs (a). II y en
a qui, comme le grand aigle & l’orfraie, ne donnent que deux
oeufs, & d’autres, comme la creiTereDe & l’émerillon, qui en
(a ) Linn. Syft. rat. edit x , tome I , page 8 r .
font julqu’à fept; il en eft, à cet égard, des oilèaux comme des
quadrupèdes, le nombre de la multiplication par la génération
eft en raifon inverfe de leur grandeur; les grands oifeaux pro-
duilènt moins que les petits, & en raifon de ce qu’ils font
plus petits, ils produifent davantage. Cette loi me paraît généralement
établie dans tous les ordres de fa Nature vivante;
•cependant on pourrait m’oppofer ici les exemples des pigeons
qui, quoique petits, c’eft-à-dire, d’une grandeur médiocre, ne
produifent que deux oeufs, & des plus-petits oifeaux qui n’en
produifent ordinairement que cinq; mais il faut confidérer le
produit abfbïu d’une année, âc ne pas oublier que le pigeon,
qui ne pond que deux & quelquefois trois oeufs pour une
feule couvée, fait fouvent deux, trois & quatre pontes du
printemps à l’automne; & que dans íes petits oifeaux, ii y en
a auffi plufîeurs qui pondent plufîeurs fois pendant le temps de
ces mêmes faifons ; de manière qu’à tout prendre & tout Confidérer,
iï eft toujours vrai de dire que toutes chofes égales
d’ailleurs, îe nombre, dans le produit de ïa génération, eft proportionnel
à la petiteffe de i’animal dans íes oifeaux comme dans
les quadrupèdes.
Tous íes oifeaux de proie ont plus de dureté dans ïe naturel
& pïus de férocité que íes autres oifeaux; non‘•feulement ils
font íes plus difficiles de tous à priver, mais ils ont encore
prefque tous, pius ou moins, fhabitude dénaturée de chalfer
ïeurs petits hors du nid bien pïus tôt que íes autres, & dans
îe temps qu’ils leur devroient encore des foins & des fecours
pour leur fîibfiftance. Cette cruauté, comme toutes íes autres
duretés naturelles, n’eft produite que par un fentiment encore
plus dur, qui eft le befoin pour foi-même & la néceffité. Tous