» antérieure du milieu du pied, où la grande ferre, avoit
» cinq pouces huit lignes & trois articulations , & Fongle
» qui ia terminoit avoit un pouce neuf lignes & étoit noir
» comme font les autres ; la ferre intérieure avoit trois pouces
» deux lignes & deux articulations, & étoit terminée par un
» ongle de la même grandeur que celui de la grande ferre ;
» la ferre extérieure avoit trois pouces & quatre articulations,
» & 1 ongle étoit d’un pouce; le tibia étoit couvert de petites
a écailles noires, les ferres étoient de même, mais les écailles
» en étoient plus grandes.
» Ces animaux gîtent ordinairement fur les montagnes où
a ils trouvent de quoi fe nourrir ; ils ne defeendent fer le
a rivage que dans la faifon des pluies ; fenfibles au froid, ils y
a viennent chercher la chaleur. Au refte, quoique ces mon-
» tagnes foient fituées fous la zone torride, le froid ne lailfe
a pas de s’y faire fentir ; elles font prefque toute l’année cou-
a vertes de neiges , mais beaucoup plus en hiver où nous
» étions entrés depuis le 21 de ce mois,
a Le peu de nourriture que ces animaux trouvent fer le
a bord de la mer, excepté lorfque quelques tempêtes y jettent
a quelques gros poiflbns, les oblige à n’y pas faire de longs
a féjours ; ils y viennent ordinairement le foir, y palfent toute
la nuit & s’en retournent le matin a.
Fréfier, dans fon voyage de la mer du Sud, parie de cet
oifeau dans les termes feivans : «nous tuâmes un jour un oifeau
a de proie, appelé condor, qui avoit neuf pieds de vol & une
» crête brune qui n’eft point déchiquetée comme celle du coq ;
a il a le devant du gofier rouge, làns plumes, comme fe coq-
a dinde; il eft ordinairement gros & fort à pouvoir emporter
agneaù. Garcilaifo dit qu’il s’eri eft trouvé au Pérou, qui «
avoient feize pieds d’envergure ».
En effet, il paraît que ces deux condors indiqués par Feuiïïée
& par Fréfier , étoient des plus petits & des jeunes de l’efpèce;
Car tous les autres Voyageurs feür donnent plus de grandeur (a).
Le P. d’Abbevilfe & de Laè't, aiîurent que fe condor eft
deux fois plus grand que l’aigle, & qu il eft d’une tette force,
qü il ravit & dévore une brebis entière, qu'ii pas
même les cer£>, & quii renverfe aifément un homme (b). II
s ’e n eft vu, difent Acofta (c) & Garcilaifo (d ), qui ayant les
ailes étendues, avoient quinze & même feize pieds d’un bout
de l’aile à l’autre; ils ont 1e bec fi fort qu’ils percent la peau
d’une vache, & deux de ces oifeaux en peuvent tuer & manger
une, & même ils ne s’abftiennent pas des hommes ; heureufe-
ment il y en a peu, car, s’ils étoient en grande quantité, ils
(a) A d oram (inquit D . Stronc) maritimam Chilenfem non procul a Mocliâ infufâ a/item
hanc(cùntur) offendimus -, divo marítimo excelfo prope Utus infidentem. Glande plumbea
trajeóla & occifa Jpatium & magnitudinem focii navales attoniti, mirabantur : quippe ab
extremo ad extremum alarum extenfarum commenfurata tredecim pedes latitudine aquabat.
Hifpanl regionis iftius incoia interrogati affirmabant fe ab illis valde timere ne liberos fuos
râper eut & dilaniarent. R a y , Synopf. Avi. pag. n ,
(h) Hift. du nouveau Monde, par de Laè't, page y y y .
(c) Les oifeaux que lés habitons du Pérou appellent Cóndores loftt «fiiné grandeur
extrême & d’une telle force, que non-feulement iis ouvrait & dépècent un mouton, rriâis
auffi un veau tout entier. Hifl. des Indes, par Jof. Acofta, page ip / .
(d) Ceux qui ont meiùré la grandeur des conturs, que les Èipagnols appellent Condors,
ont trouvé feize pieds de la pointé d’une aile à l’autre. . . . ils ònt le Bec fi fort & fi dur
qu’ils percent aifement le cliir des bceufs. ' Deux de ces oifeaux attaquent une vache pii uti
taureau, & en viatnent à bout: ils ont même attoqué des jeunes garçons de dix ou douze
ans, dont ils ont fait leur proie. Leur plumage eft femblable à cèlui dés pies ; ils òrit uiië
crête fer le front, différente de celle des coqs, en ce qu’elle neft point dëriteléé; leur vol
au refte, eft effroyable, & quand iis fondent à terre, ils étourdiffetit par leur grand Btuit.
Hifioire des Incas, tome I I , page 2 0 1 .