cheval; ainfi les meilleurs chevaux ne peuvent pas faire quatre
Deues dans une heure, ni plus de trente lieues dans un jour. Or,
la vîtelîè des oifeaux eft Lien plus grande; car, en moins de
trois minutes, on perd de vue un gros oifeau, un milan qui
s’éloigne, un aigle qui s’élève & qui prélènte une étendue dont
le diamètre eft de plus de quatre pieds; d’où l’on doit inférer
que l’oifeau parcourt plus de fept cents cinquante toiles par
minute, & qu’il peut le tranlporter à vingt lieues dans une
heure : il pourra donc aifément parcourir deux cents lieues tous
les jours en dix heures de vol, ce qui lùppofe plulieurs intervalles
dans le jour, & la nuit entière de repos. Nos hirondelles
& nos, autres oifeaux voyageurs , peuvent donc fe rendre de
notre climat fous la Ligne en moins de fept ou huit jours. M.
Adanfon (o) a vu & tenu, à la côte du Sénégal, des hirondelles
arrivées le 9 oétobre, c’eft-à-dire huit ou neuf jours après leur
départ d’Europe. Pietro délia Valle dit, qu’en Perfe (p ), le
pigeon meiîâger fait en un jour plus de chemin qu’un homme
de pied ne peut en faire en fix. On connoît l’hiftoire du làucon
de Henri II, qui s’étant emporté après une canepetière à Fontainebleau
, fiit pris le lendemain à Malte, & reconnu à l’anneau
qu’il portoit; celle du faucon des Canaries (q ) , envoyé au duc
de Lerme, qui- revint d’Andaloufie à l’île de Ténériffe en feize
heures, ce qui fait un trajet de deux cents cinquante lieues. Hans
Sloane ( r ) allure qu’à la Barbade, les mouettes vont le pro-
mener en troupes à plus de deux cents milles de diftance, &
( o ) Voyage au. Sénégal , par M . Àdanfon.
( p ) Voyage de Pietro délia Valle, tome I , page 4 1 6 .
( q ) Obferv. de S ir Edmund Scoty. V o y . Purchajf. pag. 7 8 J.
( r ) A voyage to the ijlan d s. . W ith the natural Hijlory by S ir Hans Sloqne.
London, tome I , page 2 7 , ,
quelles reviennent le même jour. Une promenade de plus de
cent trente lieues, indique alfez la poffibilité d’un voyage de
deux cents; & je crois qu’on peut conclure de la combinaifon
de tous ces faits, qu’un oifeau de haut vùl peut parcourir chaque
jour quatre ou cinq fois plus de chemin que le quadrupède le
plits agile.
Tout contribue à cette facilité de mouvement dans loifeaü,
d’abord les plumes dont la fubftanee eft très-légère, la furface très-
grande, & dont les tuyaux font creux; enfuite l’arrangement ( f )
de ces mêmes plumes, la forme des ailes convexe en delfus &.
concave en deflous, leur fermeté, leur grande étendue & la
force des mufcles qui les font mouvoir; enfin la légèreté même
du corps, dont les parties les plus maffives, telles que les os,
font beaucoup plus légères que celles des quadrupèdes; car les
cavités dans les os des oifeaux fent proportionnellement beaucoup
plus grandes que dans les quadrupèdes, & les os plats qui n’ont
point de cavités lont plus minces Cf ont moins de poids. « Lé
fqudette (t) de fonocrotale, diiènt les Anatomiftes de l’Aca-«
démie, eft extrêmement léger, il ne pefoit que vingt-trois«
onces quoiqu’il foit très-grand ». Cette légèreté des os diminue
confidérablement le poids du corps de l’oifeau, & l’on recon-
noîtra, en pefant à la balance hydroftatique, le fquelètte d’un
quadrupède & celui d’un oifeau, que le premier eft lpécifiquement
bien plus pelant que l’autre.
Un fécond effet très-remarquable, & que l’on doit rapporter
a la nature des os, eft la durée de la vie des oifeaux, qui en
( f ) Vo yez fur la ftruéture & l'arrangement des plumes, les remarques & obfervations
de M . * de 1 Académie des Sciences dans les Mémoires pour fervir à i’Hiftoire des animaux,
partie I I , à l'a rticle de /'Autruche.
( t ) Mémoires pour lèrvir à l’Hiftoire des animaux, partie I I I , article du Pélican.
Tome /.