L A C H E V E C H E (a)
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C H O U E T T E .
L A Chevêche & le Scops ou petit Duc (planche SfZ Ç ) ,
font à peu près de ta même grandeur : ce font tes plus petits
oifeaux du genre des hihoux & des chouettes ; ils. ont fept ou
huii pouooe A» longueur, depuis te bout du bec jufqu a l’extrémité
des ongles, & ne font que Je ta grotfeur d’un merle;
mais on ne tes prendra pas tun.pour 1 autre, fi l’on le louvient
que le petit duc a des aigrettes, qui font à la vérité, très-courtes
& compofées d’une feule plume, & que la chevêche a la tête
dénuée de ces deux plumes éminentes ; d’ailleurs elle a l’iris des
yeux d’un jaune plus pâle, le bec brun à ta bafe & jaune vers
le bout, au lieu que le petit duc a tout lé bec noir ; elle en
(a ) Nota. Les Grecs & les Latins n’ont pas diftingué cette elpècè par un nom particulier, &
iis font vraifemblablement confondue avec celle du icops ou petit duc -, A fio . II en eft de
même des Italiens qui les appellent tous deux 'Luetta ou Civetta ; en Eipagnol, Leelmqa}
en Portugais, M ocho; en Allemand., K u ti ou plutôt K aufjletn ; en Polonois, Sfowa ; en
Anglois, L jttle owl. N oûua gémis parvum. Gefner, Icoti. A v i. pag. 1 5 .— Petite Chevêche.
Belon, H iß . nat. des O ifeau x, page 1 4 0 . — Noüua. Aldrov. A v i. tom. I , pag. 5 4 3 ;
— Petite Chouette. A lb in , tome I I , page 8 , planche x i i , avec une figure coloriée.—
Petit Hibou. Edwards, Glanures, page,.35 . planche c c x x v m , avec une bonne figure
coloriée.-— La petite Chouette ou la 'Chevêche. S im o n , Omit hol. tome I , page 5 1 4 .
— The Làttle owl. Britifeh Zo olog y , planche .B j . Nota. M . Edwards, M . Frifch &
l’Auteur de la Zoologie Britannique ont chacun donné une planche coloriée de cet oifeau ; .
la meilleure & la plus reflèmblante à la Nature, eft celle de M . Edwards ; elle reprélènte la
femelle de cette elpèce. L a planche de la Zoologie Britannique & celle de M . Frifch
reprélêntent le mâle ; mais ce dernier Auteur a fait une faute en donnant des yeux d'un
bleu noirâtre à cet oifeau, car il les a d’un jaune p
diffère auflï beaucoup par les couleurs , & peut aifément être
reconnue par la régularité des taches Manches qu’elle a fur les
ailes & fur le corps, & aulfi par là queue courte comme celle
d’une perdrix ; elle a encore les ailes beaucoup plus courtes à
proportion, plus courtes même que la grande chevêche, elle a
un cri ordinaire poüpoü poüpoü, qu’elle pouiîê & répète en
volant, & un autre a i qu’elle ne fait entendre que quand elle
eft pofée , qui reflemble beaucoup à la voix d’un jeune homme
qui s’écrieroit, aime, hémè, éfmè plufieurs fois de fuite (bj y
elle fe tient rarement dans les bois, fon domicile. ordinaire eft
dans les mafures écartées des lieux peuplés, dans I»* carrières,
dans les ruines des anciens^*11068 abandonnes; elle ne Ȏtablit
pas dans les arbres cre**> èx reffèmble par toutes ces habitudes
à la grande chevêche; elle n’eft pas abfolument oifeau de nuit,
elle voit pendant le jour beaucoup mieux que les autres oiièaux
noéturnes, & fouvent elle s’exerce à la chaiTe des hirondelles
& des autres petits oilèaux, quoiqu’aflèz infruéiueulèment, car
il eft rare qu’elle en prenne; elle réuffit mieux avec les louris
& les petits mulots qu’elle ne peut avaler - entiers & qu’elle
déchire avec le bec & les ongles, elle plume auffi très-proprement
les oifeaux avant de les manger; au lieu que les hiboux,
la hulotte & les autres chouettes les avalent avec la plume ,
(h ) N ota. Étant couché dans une des vieilles tours du château de Montbard, une chevêche
vint fe pofer un peu avant le jour, à trois heures du matin, fer la tablette de Ja fenêtre
de ma chambre, & m’éveilla par fon cri hëmè, êdmë ; comme je prêtois l’oreille à cette v o ix ,
qui me parut d’abord d’autant plus fingulière qu’elle étoit tout près de mo i, j’entendis un de
mes gens, qui étoit couché dans la chambre au-deffus de la mienne, ouvrir là fenêtre,
& trompé par la reifemblance du fon bien articulé ëdmë, répond à l ’oifeau; qui es-tu
là-bas, le ne m'appelle p a s E d m e ,je m’appelle Pierre. C e domeftique croyoit, en effet,
que c’étoit un homme qui en appeloit un autre, tant la voix de la chevêche reffemble à
la voix humaine & articule diftinélement ce mot.
Tome 1. C g g g