habitent ces lieux de préférence pendant toute la belle faifon, &
ce n’eft que quand les neiges & les glaces commencent à couvrir
ces lommets de montagnes qu’on les voit defcendre dans les
plaines, & voyager en hiver du côté des pays chauds; car il
paroît que les vautours craignent plus le froid que la plupart des
aigles ; ils font moins communs dans le nord ; il fembleroit même
qu’il n’y en a point du tout en Suède, ni dans les pays au-delà;
puifque M. Linnæus, dans l’énumération qu’il fat de tous les
oifeaux de la Suède (e j, ne fait aucune mention des vautours :
cependant nous parlerons dans l’article fiiivant d’un vautour qu’on
nous a envoyé de Norvège, mais cela n’empêche pas qu’ils ne
foient plus nombreux dans les climats chauds, en Égypte (f), en
Arabie, dans les îles de l’Archipel, & dans plufieurs autres
provinces de l’Afrique & de l’Afie : on y fait même grand
uiâge de la peau des vautours, lè cuir en eft prefque auffi épai^
que celui d’un chevreau, il eft recouvert d’un duvet très-fin,
très-lèrré & très-*haud ; & l’on en fait d’excellentes fourrures (g).
le tire en haut avec là prife. Voyez Defcription des îles de l ’A rchip el, par D ap p er, page
460.
( e ) L in n . Farna Stiecica, pug. j g ¿ r fe q . ufque a d pag. 2 4 .
( f ) Étant en Égypte & ès plaines de l’Arabie déferle, avons obfervé que les vautours
y font fréquens & grands. Belon, H ifl. nat. des O iseaux, page 8 4 .
(g ) Les païlâns de Crète & les autres qui habitent les montagnes de divers pays, en
Égypte 5c dans l’Arabie déferte, s’étudient de prendre les vautours en diverfes manières; ils
les écorchent & vendent les peaux aux pelletiers................Leur peau eft quafi auffi épailîè
que celle d’un chevreau Les pelletiers lavent tirer les plus greffes plumes de la peau
des vautours, laiflànt le duvet qui eft au-deffous, & ainfi la conroyent, foilânt pelices qui
valent grand’fomme d’aigent ; mais en France s’en fervent le plus à foire pièces à mettre fur
i’eftomac. Q u i ferait au Caire & irait voir les marçhandifes qui font expolees en
vente, trouverait des vêtemens de fine foie fourrés de peaux de vautours, tant de noirs
que de blancs. Id . ïbid. pag. 83 5c 84.— Il y a une grande quantité de vautours dans l’île
de Chypre; ces oifeaux font de la groffeur d’un cygne, fort femblables à l’aigle en ce que
Au refte, il me paroît que le vautour hoir que Belon dit être
Commun en Egypte, eft de la même efpèce que le vautour
proprement dit, qu’il appellè vautour cendré, & qu’on ne doit
pas les féparer comme l’ont fait quelques Naturaliftes ( h ) ,
puifoue Belon lui-même, qui eft le feul qui les ait indiqués , ne
les fépare pas, & parle des cendrés & des noirs, comme faifant
tous deux l’elpèce du grand vautour ou vautour proprement
dit ; en forte qu’il eft probable qu'il en exille en effet de noirs,
tels que celui qui eft repréfenté dans les planches enluminées,
n i 4.2 r, & d’autres qui font cendrés, mais que nous n’avons
pas vus. II en eft du vautour noir comme de l’aigle noir, qui
tous deux font de l’efpèce commune du vautour ou dè l’aigle.
Ariftote a eu raifon de dire que le genre du grand vautour était
.multiforme, puifque ce genre eft en effet compofé des trois
elpèces du griffon, du grand vautour & du vautour à aigrettes,
faps y comprendre le percnoptère, qu’Ariftote avoit cru devoir
féparer des vautours, & affocier aux aigles. Il n’en eft pas de même
du petit vautour dont nous allons parler, <St qui ne me paroît faire
qu’une feule elpèce en Europe; ainfî, ce Philofophe a eu encore
raifon de dire que le genre du grand vautour etoit plus multiforme,
c’eft-à-dire contenoit plus d’elpèces que celui du petit vatitour.
leurs ailes & leur dos font couverts de mêmes plumes; leur cou eft plein de duvet, doux
comme la plus fine fourrure, ’& toute leur peau en eft fi couverte que les înfulaires la portent
fur la poitrine & devant leur eftomac pour aider à la digeftion: ces oifeaüx ont une touffe
de plumes au-deflbus du cou; leurs jambes font greffes & fortes.. . . . Ils ne .vivent que de
charognes & ils s’en rempliiîènt fi fort qu’ils en dévorent en une fois autant qu’il leur en
fout pour quinze jours E t lorfqu’ils font ainfi remplis' ils ne peuvent s’élever dë terri
facilement ; c’eft alors qu’on les tire 5c tue fort à l ’aile ; ils font même alors quelquefois fi
pefens qu’on les prend avec des chiens ou qu’on les tue à coups de pierres 5c de bâtons.
Defcription de l'A rchip el, par Dapper, page g o .
( h ) L e Vautour noir. Briffon, tome I , page