L S A I N T -MART IN (a)
ES Naturaliftes modernes ont donné à cet oifeau le nom
de Faucon-lanier ou Lanier cendré (planche 4 5 9 ); mais il
nous paraît être non-feulement d’une efpèce, mais d’un genre
différent de ceux du faucon & du Ianier. II eil un peu plus
gros qu’une corneille ordinaire , & il a proportionnellement le
corps plus mince & plus dégagé ; il a les jambes longues
& menues, en quoi il différé des faucons qui les ont robuftes
& courtes, & encore du Ianier que Belon dit être plus court
empiété qu aucun fauoun, uidi» p<u- -caraélcre des longues
jambes, il reflëmble au jean-le-blanc & à la foubufè ; il n’a donc
d’autre rapport au Ianier que l’habitude de déchirer avec le beç
tous les petits animaux qu’il faifit & qu’il n’avale pas entiers,
comme le font les autres gros oifèaux de proie: il faut, dit
M. Edwards, le ranger dans la claflê des faucons à longues
(a ) Autre oilèau Saint-Martin. Belon, H ift. nat. des O ifeaux, page 1 0 4 ;— Lamanus
ànereus fiv e fa lco cinereo albüs. Frifch, planche L X X I X , avec une figure coloriée.
■4— The blue Hawk. L e faucon bleu. Edwards, Glanures, p l. c c x x v , avec une figure
bien coloriée. — L e Ianier cendré. Briflon, Omith. tome I , page 3 6 5 .
N ota. Belon n’héfite pas à dire qu’il eft de fa même elpèce que le jean-le-blanc, & en.
même-temps il convient qu’il approche beaucoup du milan : « il eft, d it-il, encore une
»•autre efpèce de jean-le-blan c ou oiièau faint-martin, lèmblablement nommée blanche
» queue, d e même efpèce que le fuiHit; mais il reifemble beaucoup mieux à la couleur d’un
» milan royal, n’étoit qu’il eft de moindre corpulence. . . . II reifemble au milan royal
» de fi près, qu’on n’y trouverait différence, n’étoit qu’il eft plus petit & plus blanc ibus
» le ventre,, ayant les plumes qui touchent le croupion en la queue, tant deifus que
deffous de couleur blanche; auffi e ft- c e de cela qu’il eft nommé queue blanche». H ifl.
nat. des O ifeau x, page 10 4 .
ailes : ce ferait à , mon avis, plutôt avec les bufes qu’avec les
faucons, que cet oifeau devrait être rangé, ou plutôt il faut
lui laiflèr fa place auprès de la foubufe, à laquelle il reffemble
par un grand nombre de caraéières, & par les habitudes
naturelles.
Au relie, cet oifeau fe trouve affèz communément en
France, aufli-bien qu’en Allemagne & en Angleterre: celui de
notre planche enluminée a été tùé en Bourgogne. M. Frifch
a donné deux planches de ce même oifeau, n.os p p Ù“ o o-,
qui ne diffèrent pas affez l’un de l’autre pour qu’on doive les
regarder avec lui comme étant d’efpèce différente ; car les
variétés qu’il remarque entre ces deux oifeaux font trop légères,
pour ne les pas attribuer au fexe ou à I âge. M. Edwards -,
qui a auffi donné ia figura dé cet oifeau, dit que celui de ,fà
planche enluminée a été tué près de Londres, & il ajouté
que quand on l’aperçut, il voltigeoit autour du pied de quelques
vieux arbres, dont il paroifloit quelquefois frapper le tronc avec
le bec & les ferres, en continuant cependant à voltiger, ce dont
on ne put découvrir la raifon qu’après l’avoir tué & ouvert ;
car on lui trouva, dans l’eflomac, une vingtaine de petits lézards,
déchirés ou coupés en deux ou trois morceaux.
En comparant cet oifeau, avec ce que dit Belon, de fon
fécond oifeau faint-martin, on ne pourra douter que ce ne fôit
le même, & indépendamment des rapports de grandeur, de
fieure & de couleur, ces habitudes naturelles O ' ' de voler bas, &
de chercher avec avidité & confiance ies petits reptiles, appartiennent
moins aux faucons & aux autres oifèaux nohles, qu à la
hufe, à fharpaye & aux autres oifeaux de ce genre, dont les
moeurs font plus ignobles, & approchent de celles des milans.