» fait affez voir que l’otus n’eft pas le hibou, quand il dit
» que Y otus reffenjble au hibou , & il y a apparence que cette
» vraifemblance ne conftfte que dans ces oreilles : toutes les
» demoifeïïes de Numidie, que nous avons difféquées, avoient
» aux côtés des oreifles, ces plumes qui ont donné ie nom à
33 l’otus des Anciens.,.. Leur plumage étoit d’un gris-cendré,
tel. qu’il eft décrit par Alexandre Myndien dans l’otus. »
Comparons maintenant ce qu’Ariftote dit de lotus, -avec ce
qu’en difent ici M.rs de l’Académie : otus noéluoe fimilis eft,
pinnulis circiter aures eminentibus preeditus, unde nomen
accepit, quafi auriium dicas; nonnulli eum ululam appellant,
alii afionem. Elatero hic eft, i f hàllucinator i f planipes, fal-
tantes enim irrûtatur. Capitur ititcntus inaltero aucupe, altero
circumeuvte ut noéiua. h ’otus, c’eft-à-dirt le hibou ou moyen
duc eft femblableau noéiua, c’eift-à-dire au chat-huant ; ils font en
effet femblables , foit par la grandeur, foit par le plumage, fort
par toutes les habitudes naturelles ; tous deux ils font oifeaux de
nuit, tous deux du même genre & d’une cipèec ucs-voifme,
au lieu que la demoifelle de Numidie eft fix fois plus groffe &
plus grande, d’une forme toute différente, & d’un genre très-
éloigné , & qu’elle ri’eft point du nombre des oifeaux de nuit ;
l’otus ne diffère, pour ainfi dire , du noéiua que par les aigrettes
de plumes qu’il porte fur la tête auprès des oreilles, &
c’éft pour diftinguer l’une de l’autre qu’Ariftote dit, pinnulis
circiter aures eminentibus prtedkus , unde nomen accepit quafi
auritum dicas. Ce font des petites plumes, pinnulæ, qui s’élèvent
droites & en aigrette auprès des oreilles , circiter aures eminentibus
, & non pas de longues plumes qui fe rabattent & qui
pendent de chaque côté de la tête, comme dans la demoifelle
de Numidie ; ce n’eft donc pas de cet oifeau , qui n’a point
d’aigrettes de plumes relevées & en forme d’oreilles, qu’a été
tiré le nom S otus, quafi auritus ; c’eft au contraire du hibou
qu’on pourroit appeler noéiua aurita, que vient évidemment ce
nom, & ce qui achève de le démontrer , c’eft ce qui fuit immédiatement
dans Ariftote, nonnulli eum ( otum) ululam appellant
, alii afionem. C ’eft donc un oifeau du genre des hiboux
& des chouettes, puifque quelques-uns lui donnoient ces noms ;
ce n’eft donc point la demoifelle de Numidie auffi différente
de tous ces oifeaux, qu’un dindon peut l’être dâm épervier.
Rien, â mon avis, n’eft donc plus mal fondé-que tous ces pré?
tendus rapports que l’on a voulu pt^ür entre lotus des Anciens,
& l’oifeau appelé demoifelle tL Numidie, & l’on voit bien que
tout cela ne porte gw= iur les geftes & les mouvemens ridicules
que fe- «bonne la demoifelle de Numidie ; elle a en
effet ces geftes bien iùpérieurement au hibou, mais cela
n’empêche pas que celui - ci , • auffi - bien que la plupart des
oifeaux da m û t , n e ffoit llatero , bavard ou criard ( l ) i
hallucinator , le contrefaiiànt ; planipes, bouffon. Ce n’eft
encore qu’au hibou qu’on peut, attribuer de fe Iaiflèr prendre
auffi aifément que les autres chouettes, comme le dit Ariftote,
&c. Je pourrais m’étendre encore plus iùr cette critique, en
expofant & comparant ce que dit Pline à ce fujet ; mais en
Voilà, plus qu’il n’en faut pour mettre la chofe hors de doute,
& pour affiner que l’otus des Grecs n’a jamais pu défigner la
( 1) M . Friich, en parlant de ce hibou, dit que fon cri eft très-fréquent & fo r t, qu’il
reflèmble aux huées des enfàns loriqu’iis pourfuivent quelqu’un dont ils iè moquent; que
cependant ce cri eft commun à plulîeurs eipèces de chouettes. V oy ei'F rifch , à Tarticle des
Oifeaux noéturnes.