C R E S S E R E L L E (a).
L A Cre/Terelle ( planches 4 0 1 à “ 4 7 1 ) , eft Foifeau le plus
commun dans la plupart de nos provinces de France, & fur-tout
en Bourgogne : il n’y a point d’ancien château ou de tour
abandonnée quelle ne fréquente & qu’elle n’habite; c’eft fur-
tout le matin & le foir qu’on la voit voler autour de ces vieux
bâtimens, & on l’entend encore plus fouvent qu’on ne la voit;
elle a un cri précipité p li, p li ,p lî ou pri, p ri, prï, qu’elle ne
celle de répéter en volant, & qui effraie tous les petits oifeaux
fur lefquels elle fond comme une flèche, & qu’elle faifit avec
fes ferres; fi par hafard elle les manque du premier coup, elle
(a) En Grec, Key¿^5 ou Ke'r^çjs; Cenchris feu miliaria ¿icitur hac avis, ait Gefnerus,
quod punáis aigris milii amulis inftgnisfit; en Latin, Ttnnunculus; en Italien, Canibello,
Tittinculo, Tintarello, Garinello; en EJpagnoI, Cernícalo ou Z ernicalo ; en Allemand,
Roethel-weih ou Wannen-waeher, quod alas extendat fait Schwenckfeld ) ventiletque inflar
ventilabri quod vannum nommant ; en Polonois, Puflolka ; en Angiois, Keflrtl ou Keflrel.
Nota. C e pounoit être de ce mot Angiois Keflrel, qu’eft dérivé le nom Criflel, què les
Bourguignons donnent à cet oilèau; en 'Éboflè, Stanchel ou Stannel ou Stonnegall; on la
a u ffi appelé en vieux François, & encore actuellement dans quelques provinces de Fiance,
Cere ereile, Quercerelle, Écrecelle. Sáleme dit quon l’appelle en Sologne, Me%y; à Chalons-
fur-Mame, Rabaïllet; en Provence, Ratier; en Touraine, fítrio u : à Saumur, P itn ; en
Beauce, Preneur de mulots, & c .. .CreifereUe ou Ccrcèrelle. Belon, Hifl. nat. des Oifeaux,
page 1 1 4 . — Tmnuncuhs feu Cenchris. Aldrov. Avi. tom. I , pag. 3 5 6 . — Crecerelle.
Albin, tome 1, page 8 , p l. v u , avec une figure coloriée, qui eft celle de la femelle.. .
Coq de Windhover. Albin, tome I I I , planche v , avec une figure coloriée, qui eft celle
du mâle. — Ttnnunculus verus. Frifch, planche LX XXIV, avec une figure coloriée, qui eft
celle du m âle .. . . Falco rufus. Frifch, planche L x x x v m , avec une figure coloriée, qui
eft celle de la femelle. — La Crefferelle, Briffon, Omithol, tome I, page 393.— Keßril.
Britifch Zooïogy, planche A. 8, figure I , The maie ; fig. 2 , The fentale: ces deux figures
ibnt coloriées.
D E l a C r e s s e r e l l è :
les pouriùit iàrts crainte dii danger jufqiie dans les maifons; j’ai
vu plus d’une fois mes gens prendre une crefîerelle 6c le petit
oiièau quelle pourfuivoit, en fermant ia fenêtre d’une chambre
ou la porte d’une galerie, qui étoient éloignées de plus de cent
toiles des vieilles tours d’où elle étoit partie : lorfqu’elle a laifi 6c
emporté l’oiièau, elle le tue 6c le plume très-proprement avant
de le manger ; elle ne prend pas tant de peine pour les fouris 6c
les mulots; elle avale les plus petits tout entiers, & dépèce les
autres. Toutes les parties molles du corps de la iouris fe digèrent
dans l’eftomac de cet oiieau ; mais la peau fe roule 6c formé
une petite pelote, qu’il rend par le bec, & non par le bas ; car
iès excrémens font prefque liquides 6c blanchâtres : en mettant
ces pelotes qu elle vomit, dans l’eau chaude, pour les ramollir &
les étendre, on retrouve la peau entière de la iouris comme fi
on l’eût écorchée. Les ducs, les chouettes, les bufes, Sc peut-être
beaucoup d’oifeaux de proie, rendent de pareilles pelotes dans
lefquelles , outre la peau roulée, il iè trouve quelquefois des
portions les plus dures des os : il en eft de même des oileaux-
pêcheurs, les arêtes & les écailles des poifîons iè roulent dans
leur eftomac, & ils les rejettent par le bec.
La crefîèrelle eft un allez bel oifeau ; elle a l’oeil vif & la
vue très-perçante, le vol aifé & foutenu : elle eft diligente 6c
courageuiè ; elle approche par le naturel, des oiièaux nobles 6c
généreux ; on peut même la dreftèr, comme les émérillons,
pour la fauconnerie. La femelle eft plus grande que le mâle, 6c
elle en diffère en ce qu’elle a la tête rouflè, le deflùs du dos,
des ailes 6c de la queue rayé de bandes tranfverfales brunes; 6c
qu’en même temps toutes les plumes de la queue iont d’un brun
roux plus ou moins foncé ; au lieu que dans le mâle, la tête Si