le fonds phyfique en foit encore plus grand que dans les quadrupèdes;
à peine peut-on citer, dans ceux-ci, quelques exemples de
chafteté conjugale, & encore moins du foin des pères pour leur
progéniture; au lieu que dans les oifeaux, ce font les exemples
contraires qui font rares, puifqu a l’exception de ceux de nos
baffe-cours & de quelques autres efpèces, tous paroiffent s’unir par
un pafte confiant, & qui dure au moins auffi long-temps que
l’éducation de leurs petits.
C ’eft qu’indépendamment du befoin de s’unir, tout mariage
fuppofe une néceffité d’arrangement pour foi-meme & pour ce
qui doit en réfuiter; les oifeaux qui font forcés, pour dépofer
leurs, oeufs, de conftruire un nid que la femelle commence par
néceffité, & auquel le mâle amoureux travaille par complaifance,
s’occupant enfemble de cet ouvrage, prennent de 1 attachement
l’un pour l’autre ; les foins multipliés, les fecours mutuels, les inquiétudes
communes, fortifient ce fentiment qui augmente encore
& qui devient plus durable par une féconde néceffite, ceft, de
ne pas 1 aider refroidir les oeufs, ni perdre le fruit de leurs amours
pour lequel ils ont déjà pris tant de foins ; la femelle ne pouvant
les quitter, le mâle va chercher & lui apporte fa fubfîftance;
quelquefois même il la remplace, ou fe réunit avec elle, pour
augmenter la chaleur du nid, & partager les ennuis de fa fituation;
l’attachement qui vient de fuccéder à 1 amour, fubfifte dans toute
fà force, pendant le temps de l’incubation, & il paroit s accroître
encore & s’épanouir davantage à la naiflànce des petits ; c eft une
autre jouifîànce, mais en même temps ce font de nouveaux liens;
leur éducation eft un nouvel ouvrage auquel le pere & la mere
doivent travailler de concert. Les oifeaux nous reprefentent donc
tout ce qui fe paffe dans un ménage honnete ; de 1 amour fuivi
d’un attachement fans partage, & qui.ne fe répand enfuite que
fur la famille. Tout cela tient, comme l’on voit, à la néceffité de
s’occuper enfemble de foins indifpenfàbles & de travaux communs;
&.ne voit-on pas auffi que cette néceffité de travail ne fé trouvant
chez nous que dans la féconde clafîé, les hommes de la première
pouvant s’en difpenfer, l’indifférence & l’infidélité n’ont pu manquer
de gagner les conditions élevées!
Dans les animaux quadrupèdes, il n’y a que de l’amour phy-
fique & point d’attachement, c’eft-à-dire nul. fentiment durable
entre le mâle & la femelle, parce que leur union ne fuppofè
aucun arrangement précédent, & n’exige ni travaux communs
ni foins fubféquens ; dès-lors point de mariage. Le mâle dès qu’il
a joui, fe fépare de la femelle, foit pour paffer à d’autres, foit
pour fe refaire; il n’eft ni mari, ni père de famille, car il mé-
connoît & fa femme & fes enfans ; elle-même s’étant livrée à
plufieurs, n’attend de foins ni de fecours d’aucun, eHe refte feule
chargée du poids de fà progéniture & des peines de l’éducation ;
die n’a d’attachement que pour fés petits, & ce fentiment dure
fouvent plus long-temps que dans l’oifeau, comme il paroît dépendre
du befoin que les petits ont de leur mère, quelle les
nourrit de fà propre fubftance, & que fes fecours font plus'longtemps
néceflàires dans la plupart des quadrupèdes qui croiffent
plus lentement que les oifeaux, l’attachement dure auffi plus longtemps;
il y a même plufieurs efpèces d’animaux quadrupèdes,
où ce fentiment n’eft pas détruit par de nouvelles amours, &
où l’on voit la mère conduire également, & foigner fes petits
de deux ou trois portées. II y a auffi quelques éfpèces de quadrupèdes
dans lefqueles la fodété du mâle & de la femelle,
dure & fubfifte pendant le temps de l’éducation des petits; on