Les trois efpèces de hiboux & les cinq efpèces de chouettes
que nous venons d’indiquer par des dénominations précilès, &
par des çaraétères auflî précis, composent ïe genre entier des
o’icaux de proie noéturnes; ils diffèrent des oifeaux de proie
diurnes, j.° Par te fens de la vue, qui eft excellent dans
ceux-ci., & qui paroît fort obtus dans ceux-là, parce qu’il eft
Hop fenfible & trop affeété de l’éclat de Ja lumière; on voit leur
pupille, qui eft ¡très-large, fe rétrécir au grand jour d’une manière
differente de celle des chats : la pupille des oifeaux de nuit refte
toujours ronde en fe rétréciffant concentriquement ; au lieu que
«die des chats devient perpendiculairement étroite & longue.
3,“ Par le fens de l’ouïe, il paroît que ces oifeaux de proie
noéturnes ont ce fens fùpérieur à tous les autres oifeaux, &
peut-être même à tous les animaux; car ils ont, toute proportion
gardée, les conques des oreilles bien plus grandes qu’aucun
des animaux ; il y a auflî plus d’appareil & de mouvement dans
Cet organe, qu'ils font maîtres de f e rm e r & d’ouvrir à volonté,
ps qui n’eft donné à aucun animai. 3 je Par le bec dont la bafe
n’eft pas comme dans les oifeaux de proie diurnes, couverte
d’une peau liflè & nue, mais eft au contraire garnie de plumes
tournées en devant; & de plus ils ont le bec court & mobile
dans fis deux parties comme le bec des perroquets (i), & c’eft
par la facilité de ces deux mouvemens, qu’ils font fi fouvent
craquer leur bee, & qu’ils peuvent auflî l’ouvrir affez pour
prendre de très-gros morceaux que leur gofier auflî ample, auflî
large que l’ouverture de leur bec, leur permet d’avaler tout
( i ) U trum que roflrum fiv e m andibula am ba m obiles fu n t ; inftgnefque fu p erio ri mufcuU
a b utrâque p a rte d a ti q u i ïllu d removeant adducantque ad. in feriu s rojlrum reliâ u s adduâorum
a lte r in uno la tere ab o ccìp ite venions tend inofâ expanfione in p a la to d éfin it. Klein, d e A v 'ib .
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entiers. 4° Par les ferres dont ils ont un doigt antérieur de
mobile, & qu’ils peuvent à volonté retourner en arrière, ce
qui leur donne plus de fermeté & de facilité qu’aux autres pour
fe tenir perchés fur un feul pied, y.0 Par leur vol qui fe fait
en culbutant lorfqu’ils fortent de leur trou, & toujours de travers
& fins aucun brait, comme fi le vent les emportoit: ce font-lâ
les différences générales entre ces oifeaux de proie noéturnes
& les oifeaux de proie diurnes, qui, comme l’on yoff, n’ont
pour ainfi dire rien de femblable que leurs armes, rien de
commun que leur appétit pour la ^chair & leur goût pour la
rapine.