prétend même que dès qu’ils deviennent un peu grands, la mère
tue le plus foible ou le plus vorace de fes petits; la difette feule
peut produire ce fentiment dénaturé, les père & mère n’ayant
pas aifez pour eux-mêmes cherchent à réduire leur famille, &
dès que les petits commencent à être aifez forts pour voler &
fe pourvoir d’eux-mêmes, ils les chaifent au loin fans leur permettre
de jamais revenir.
Les aiglons n’ont pas les couleurs du plumage auifi. fortes que
quand ils font adultes; ils font d’abord blancs, enfuite dure jaune
pâle, & deviennent enfin d’un fauve aifez vif. La vieilïeiîè,
ainfî que les trop grandes diettes, les maladies & la trop longue
captivité les font blanchir. On aiîùre qu’ils vivent plus d’un
fiéde, & l’on prétend que c’eft moins encore de vieilleife qu’ils
meurent, que de l’impoifibilité de prendre de la nourriture; leur
bec fe recourbant fi fort avec l’âge, qu’il leur devient inutile:
cependant on a vu fur des aigles gardés dans les ménageries
qu’ils aiguifent leur bec, & que l’accroiflèment n’en étoit pas
fenfîble pendant plufieurs années. On a auifi obfervé qu’on pou-
voit les nourrir avec toute forte de chair, même avec celle des'
autres aigles, & que faute de chair ils mangent très-bien du
pain, des ferpens, des lézards, &c. Lorfqu’ils ne font point
apprivoifés ils mordent cruellement les chats, les chiens, les
hommes qui veulent les approcher. Ils jettent de temps en temps
un cri aigu, ionore, perçant & lamentable, & d’un ion ioutenu.
L ’aigle boit très-rarement & peut-être point du tout ïoriquiî
cil en liberté, parce que le iàng de fes viélimes fuffit à ia ioif.
Ses excrémens font toujours mous & plus, humides que ceux des
autres oifeaux, même de ceux qui boivent fréquemment.
C ’eil à cette grande efpèce qu’on doit rapporter le paiîàge