pas conformées pour le vol, & qui par cette raifon ne peuvent
quitter la terre, rie doivent pas lui être comparés ; ce font,
pour ainli dire, des oifeaux imparfaits, des efpèces d’animaux
terreilres, Bipèdes, -qui font une nuance mitoyenne entre les
oilèaux & les quadrupèdes dans un fens, tandis que les rouflèttes,
les rougettes & les chauve-fouris font une femBIaBIe nuance,
mais en lèns contraire, entre les quadrupèdes & les oifeaux. Le
condor pofîede même à un plus haut dégré que l’aigle toutes
les qualités, toutes les puiffances que la Nature a départies aux
elpèces les plus parfaites de cette daflè d’êtres ; il a jufqu’à dix-
hüit pieds de vol ou d’envergure, le corps , le Bec & les ferrés
à proportion aulli grandes & auffi fortes, le courage égal à la
force, &c. Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une
idée julte de la forme & des proportions de fon corps, que
de rapporter ce qu’en dit le P. Feuiliée, ie feu! de tous les
Naturalilles & Voyageurs qui en ait, donné une defcription
détaillée. « Le condor eft un oifeau de proie de la vallée
» d’YIo au Pérou.... J’en découvris un qui étoit perché lûr
» un grand rocher, je l’approchai à portée de fiifil & le
» tirai; mais comme mon fufîl n’étoit chargé que de gros plomh,
» le coup ne put entièrement percer la plume de fon parement;
» je m’aperçus cependant à fon vol qu’il étoit Blefle, car s’étant
» levé fort lourdement, il eut allez de peine à arriver liir un
» autre grand rocher à cinq cents pas de là, for le Bord de la
un nom générique pour tous íes oifeaux de proie. — Cuntur, par les Péruviens ; Condor, par
îes Efpagnols; H ijloire du nouveau M on de, pa r de L a 'èt,page J j o . — Ouyrad-Ouajfou;
idem, page y y y - — Oiièau de proie nommé Condor. Journal des Voyages du P . Feuiüée,
page 6 4 0 . — Condor. Fréfier, Voyage de la mer du Sud,pa ge n i . —-1 L a Condamine,
Voyage de la rivière des Am azones, page 1 7 y - — Oifeau d’une grandeur prodigieuiè,
appelé Contour ou Condor; Voyage de Defmarchais, tome I I I , page y 2 0 .'
n v C b u b o R.
mer, c’ell pourquoi je chargeai de nouveau mon fufîl dune
Balle & perçai l’oifeau au-delfous de la gorge; je men vis
pour lors le maître & courus pour l’elilever, cependant il
difputoit encore avec la mort, & s’étarit mis fur fon dos
il fe défendoit contre moi avec lès lèrres toutes ouvertes,
en forte que je ne favois de quel côté le faifir ; je crois même
que s’il n’eût pas été Bielle à mort, j’aurois eu Beaucoup
de peine à en venir à Bout ; enfin ie le traînai àu
rocher en Bas, & 'avec'le fecours d’un matelot je le portai dans
ma tente pour le deffiner & mettre le delfin en couleur.
Les ailes du condor, que je mefurai fort exaélëment,
avoient d’une extrémité à l’autre onze pieds quatre pouces,
& les grandes plumes, qui étoient d’un Beau noir luilânt,
avoient deux pieds deux pouces de longueur ; la grolîèur
de fon Bec étoit proportionnée à celle de fon Corps, la longueur
du Bec était de trois pouces & fept lignes, fa partie
fupérieure étoit pointue, crochue & Blanche à fon extrémité,
& tout le relie étoit noir; un petit duvet court, de couleur
minime, couvroit toute la tête de cet oifeau; fes yeux étoient
noirs & entourés d’un cercle Brun-rouge ; tout fon parement,
& le delfous du ventre, jufqu’à l’extrémité de la queue, étoit
d’un Brun-clair, fon manteau de la même couleur étoit un
.peu plus oBfcur ; les cuilfes étoient couvertes jufqu’au genou
de plumes Brunes,, ainli que celles du parement; le fémur
avoit dix pouces & une ligne de longueur, & le tihîa cinq
pouces & deux lignes; le pied étoit compofé de trois ferres
antérieures & d’une pollérieure ; celle-ci avoit un pouce. &
demi de longueur & une feule articulation , cette ferre étoit
terminée par un ongle noir & long de neuf lignes; la ferre.
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Tome 1. O q