il n’exiile auffi que des oifeaux criards, & qu’à peine on puifîê
citer quelques efpèces dont la voix foit douce & le chant agréable!
doit-on attribuer cette différence à la feule influence du climat!
l’excès du froid & du chaud produit, à la vérité, des qualités
exceflives dans la nature des animaux, & fe.marque fouvent à
l’extérieur par des caraélères durs & par des couleurs fortes. Les
quadrupèdes dont la robe eft variée & empreinte de couleurs
oppofées, femée de taches rondes, ou rayée de bandes longues,
tels que les panthères, les léopards, les zèbres, les civettes, font
tous des animaux des climats les plus chauds ; prefque tous les'
oifeaux de ces mêmes climats brillent à nos yeux des plus vives
couleur?, au lieu que dans les pays tempérés, les teintes font
plus foibles, plus nuancées, plus douces: fur trois cents efpèces
d’oifeaux que nous pouvons compter dans notre climat, le paon,
le coq, le loriot, le martin-pêcheur, le chardonneret, font prefque
les fouis que l’on puiffe citet pour la variété des couleurs,
tandis que la Nature femble avoir ëpuifé fes pinceaux fur le
plumage des oifeaux de l’Amérique, de l’Afrique & de l’Inde.
Ces quadrupèdes dont la robe eft fi belle, ces oifeaux dont le
plumage éclate des plus vives couleurs, ont en même temps la
voix dure & fans inflexions, les fons rauques & difcordans, le
cri délàgréable & même effrayant; on ne peut douter que l’influence
du climat ne foit la caufe principale de ces effets, mais
ne doit-on pas y joindre, comme caufe fecondaire, l’influence
de l’homme! Dans tous les animaux retenus en domefticité ou
détenus en captivité, les couleurs naturelles & primitives ne
s’exaltent jamais, & paroilfent ne varier que pour fe dégrader,
fe nuancer & fe radoucir ; on en a vu nombre d’exemples dans
les quadrupèdes, il en eft de même dans les oifeaux domelliques;
les coqs, & les pigeons ont encore plus varié pour les couleurs
que les chiens ou les chevaux. L’influence de l’homme fur la
Nature s’étend bien au-delà de ce qu’on imagine’; il influe
direâement & prefque immédiatement fur le naturel, for la
grandeur & la couleur des animaux qu’il propage & qu’il s’eft
fournis; il influe médiatement & de plus loin for tous les autres
qui, quoique libres, habitent le même climat. L’homme a changé,
pour là plus grande utilité, dans chaque pays, la forlàce de la
terre; les animaux qui y font attachés, & qui font forcés d’y
chercher leur fohliftance, qui vivent, en un igot, fous ce même
climat & for cette même terre dont l’homme a changé la nature,
ont dû changer auffi & fe modifier; ils ont pris par néceffité
plufieurs habitudes qui paroilfent faire partie de leur nature; ils
en ont pris d’autres par crainte, qui ont altéré, dégradé leurs
moeurs, ils en ont pris par imitation; enfin ils en ont reçu par
1 éducation, à melure qu’ils en étoient plus ou moins fufceptibles;
le chien s’efl: prodigieufement perfeétionné par le commerce de
l’homme, là férocité naturelle s’eft: tempérée, & a cédé à la
douceur de la reconnoilfance & de l’attachement, dès qu’en lui
donnant là lùbfillance, l’homme a làtisfait à fes hefoins: dans
cet animal les appétits les plus véhémens dérivent de l’odorat
& du goût, deux fens qu’on pourrait réunir en un feul, qui
produit les fenlàtions dominantes du chien & des autres animaux
camaffiers, defquels il ne diffère que par un point de fenfibi-
lité que nous avons augmenté; une nature moins forte, moins
fière, moins féroce que celle du tigre, du léopard ou du lion;
un naturel dès-lors plus flexible, quoiqu’avec des appétits tout
auffi véhémens, s’efl: néanmoins modifié, ramolli par les impref-
fions douces du commerce des hommes dont l’influence n’eft
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