& leur communiquer ce clefir de changer de climat, que ceux-ci
ne peuvent encore avoir acquis par aucune notion, aucune con-
noiffance, aucune expérience précédente. Les pères & mères
raffemblent leur famille pour la guider pendant la traverfée, &
toutes les familles {<: réunifient, non-feulement parce que tous
les chefs font animés du même defir, mais parce qu’en augmentant
les troupes, ils le trouvent en force pour réfilter à
leurs ennemis.
Et ce defir de changer de climat, qui communément fe renouvelle
deux fois par an, c’eft-à-dire, en automne & au
printemps, elt une efpèce de befoin fi prelîânt, qu’il fe mani-
fefte dans les oifeaux captifs par les inquiétudes les plus vives.
Nous donnerons à l’article de la caille un détail d’obfervations
à ce fiijet, par lefquelles on verra que ce defir eft l’une des
affeélions les plus fortes de l’inftinét de l’oifeau ; qu’il n’y a
rien qu’il ne tente dans ces deux temps de l’année pour le
mettre en liberté, & que fouvent il fè donne la mort par les
efforts qu’il fait pour fortir de fa captivité; au lieu que dans
tous les autres temps il paroît la fupporter tranquillement, &
même chérir fa prifon s’il s’y trouve renfermé avec fa femelle
dans la faifbn des amours : lorfque celle de la migration approche,
on voit les oifeaux libres, non-feulement fe raffembler
en famille, fe réunir en troupes, mais encore s’exercer à faire
de longs vols, de grandes tournées, avant que d’entreprendre
deur plus grand voyage. Au relie, les circonftances de ces migrations
varient dans les différentes elpèces; tous les oifeaux
voyageurs ne le réuniffent pas en troupes, il y en a qui partent
feuls, d’autres avec leurs femelles & leur famille, d’autres qui
marchent par petits détachemens, &c. Mais avant d’entrer dans
le détail que ce fujei exige fg j , continuons nos recherches fur
les caufès qui connituent l'iriftinél, & modifient la nature des
oiièaux.1 ;
L ’homme, fupérieur à tous les êtres organifés, a le fens du,
toucher, & peut-être celui du goût, plus parfait qu’aucun des
animaux, mais il eft inférieur à la plupart d’entr’eux par les trois
autres ièns ; & en ne comparant qué lès animaux entr’eux, il
paroît que la plupart des quadrupèdes ont l’odorat plus vif, plus
étendu que ne l’ont les oifeaux; car quoiqu’on dife de l’odorat
du corbeau, du vautour, &c. il eft fort inférieur à celui du
Ghien, du renard, &c. on peut d’abord en juger par la conformation
même de l’organe; il y a un grand nombre d’oifeaux qui
n’ont point de narines, c’eft-à-dire, point de conduits ouverts
au-deffus du bec, en forte qu’ils né peuvent recevoir les odeurs
que par la fente intérieure qui eft dans la bouche; & dans ceux
qui ont des conduits ouverts aü-deflùs du bec ( h ) , & qui ont
plus, d’odorat que les autres, les nerfi olfaétifs font néanmoins
bien plus petits proportionnellement, & moins nombreux, moins
étendus, que dans les quadrupèdes ; auffi l’odorat ne produit dans
l’oilèau que quelques effets allez rares, allez peu remarquables,
au lieu que dans le chien & dans plufieuts autres quadrupèdes,
ce fens paroît être la fource & la caufe principale de leurs
( g ) Nota. Nous donnerons dans un autre Difcours les faits qui ont rapport à ia
migration des oifeaux.
- ( h ) H y a ordinairement à la partie fupérieure du be c, deux petites ouvertures, qui
font les narines de loifeau; quelquefois ces ouvertures extérieures de l’oifeau manquent
tout-à-fait, en forte que dans ce cas les odeurs ne pénètrent jufquau.fens de l’odorat que
par la fente intérieure qui eft dans la bouche comme dans quelques palettes, les cormorans,
i’onocrotal.— Dans le grand vautour, les nerfs olfàétifs font très-petits à proportion.
V A ca d .d es'S c. tome J , page 4 3 0 .
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