L E D U C (a).
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G R A N D D U C.
L e s Poètes ont dédié l’Aigle à Jupiter & le Duc à Junon;
ceft en effet l’aigle de la nuit, & le roi de cette tribu d’oifèaux,
qui craignent ia lumière du joüï, & ne volent que quand
elle s’éteint : le duc ( pl. 4.3 y fr y 8 j) , paroît être au premier
coup-d’oeil auffi gros, auffi fort que l’aigle commun ; cependant
il efl réellement plus petit, & les proportions de fon corps
font toutes différentes; il a les jambes, le corps & la queue
plus courtes que l’aigle, la tête beaucoup plus grande, les
ailes bien moins longues, l’étendue du yol ou l’envergure n’étant
que d'environ, cinq pieds : on diltingue aifément le duc à fa
groflè figure, à fon énorme tête, aux larges & profondes cavernes
de lès oreilles, aux deux aigrettes qui furmontent là tête,
& qui font élevées de plus de deux pouces & demi; à fon bec
court, noir & crocbu; à lès grands yeux fixes & tranlparens;
à fes larges prunelles noires & environnées d’un cercle de couleur
(a ) E n G r e c , ßücn ; en Latin, Bu bo; en Eipagnol, Buho; en Portugais, M ocho; en
Italien, D u co , D ug o; en Savoyard, Chajfeton; en Allemand, U hu, H uhu, Schuffut,
B h u , Becghu, H u lu y, H u b , H u o , P u h i; en Polonois, Puhac^, Sowaleyta ; en Suédois ,
U f; en Angiois, Great hom-owl, Eagle-owl.— On l’appelle auffi en François, Grand Hibou
cornu; en quelques endroits de l’Italie, Barbagiam; en quelques endroits de la France,
Barbaian; & en Provence, Petuve.— Bubo. Geiher, Avïum, pag. 23 3 .— Aldrov. A v i.
tom. I , pag. 50 2 . — Grand duc. Belon, H iß . nat. des O ifeaux, pag. 1 3 5 . ~ Grand
‘chat-huant. Alb in, tome I I , page j , planche i x , avec une figure coloriée. — Bubo noüua
maxima. Friich, p l. x c i i i ,avec une figure coloriée. — L e Grand duc. Briiîbn, Oniith.
tome I , page 4 7 7 .
orangée; â là face entourée de poils, ou plutôt de petites
plumes blanches & décompofées qui ahoutilîènt à une circonférence
d’autres petites plumes frifées; à fes ongles noirs, très-
forts & très-crochus; à fon cou très-court, à fon plumage d’un
roux brun taché de noir & de jaune fur le dos, & de jaune
fur le ventre, marqué de taches noires & traverfé de quelques
bandes brunes mêlées afîèz confufément; à fes pieds couverts
d un duvet épais & de plumes roufsâtres julqu’aux ongles (b );
enfin à fon cri effrayant hmhoii, houhou, bouhou, püuhôu M ,
qu’il fait retentir dans le filence de Ij nuit, lorfque tous les
autres animaux fè taifent ; & cVft alors qu’il les éveille, les
inquiète, les pourfuit & fés-«lleve, ou les met à mort pour les
dépecer & les emporter dans les cavernes qui lui fervent de
retraite; auffi n’habite-t-il que les rochers ou les vieilles tours
abandonnées & fituées au-defîüs des montagnes : il defcend
rarement dans les plaines, & ne fè perche pas volontiers fiir les
arbres, mais fur les églifes écartées & fur les vieux châteaux. Sa
chaflè la plus ordinaire font fes jeunes lièvres, les lapins, les
taupes, les mulots, les fouris qu’il avale tout entières, & dont il
(b ) Nota. L a femelle ne diffère du mâ le, qu’en ce que les"plumes fiir le corps, les
ailes & la queue, font d’une couleur plus lômbre.
(e) Voici ce que rapporte M. Friich au iùjet des différens cris du Puhu ; Schuffiit', ou
Grand D u c , qu’il a long-temps gardé vivant: Loriqu’il avoh fa im, dit cet Auteur, il
formoit un ion allez ièmblable à celui qui exprime ibn nom (en Allemand, Puhu )
Pouhou; loriqu’il entendoit tou (Ter ou cracher un vieillard, il commençoit très-haut &
très-fort, à peu-près du ton d’un payiàn ivre qui éclate en riant, & il faiiôit durer ion cri
Ouhou ou Pouhou, aiitant qu’il pouvoit être de temps 6ns reprendre haleine; il m’a paru;
ajoute M . Friich, que cela arrivoit loriqu’il étoit en amour, & qu’il prenoit ce bruit qu’un
homme fait en touflànt, pour le cri de 6 femelle : mais quand il crie par angoiffè ou de
peur, c’eff un cri très-dé6gréable, très-fort, & cependant afièz ièmblable à celui des oiièaux
de proie diurnes. Traduit de IAllem and de Friich, article du Bubo ou Grand D u c.
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