?3 de l’aiglemais qui eil fans comparaifon beaucoup plus
grand... les plumes des ailes étant de ik toiles de longueur
*>. & le corps grand à proportion ; il eil de tejle force &
puiiîànce , que feul & iàns aucune aide, il prend & arrête
p? un éléphant qu’il enlève en l’air & laiiîe tomber à terre pour
le tuer, & le repaître enfuite de là chair (l) ». Il n’ell pas
nécefîàire de faire iùr cela des réflexions critiques, il fuflit d’y
oppofer des faiis piua vraie , tele <jue reux qui viennent de précéder
& ceux qui vont luivre. II me paroît que l'oîfèau, prefque
grand comme ime autruche, dont il eil parlé dans l’hiiloire des
Navigations aux terres Auftraïes (m ), ouvrage que M. le Pré-
fident de Broflês a rédige, avec autant de difcernement que de
foin, doit être le même que le condor des Américains & le
roc des Orientaux ; de même, il me paroît que l’oifeau de
proie des environs de Tarnaiàr (n), ville des Indes orientales,
qui eil bien plus grand que l’aigle, & dont le bec ièrt à faire
une poignée d’épée, eil encore le condor, ainfi que le vautour
du Sénégal (o ), qui ravit & enlève des enfans ; que l’oileau
( l) Defcription géographique, & c , par Marc Paul, livre m , chapitre q o .
(m) A u x branches de l’arbre qui produit les fruits appelés Pains de S in g e, étoient iùf-
pendps des nids qui reflèmbloient à de grands paniers ovales, ouverts par en bas & diffus
confufément de blanches d’arbres aflèz groffes; je n’eus pas la iâtisfàélion de voir les oifeaux
qui les avoient conftruits ; mais les habitans du voifinage m’aflurèrent qu’ils avoient aflèz la
figure de cette elpèce d’aigle qu’ils appellent Ntahn. A juger de la -grandeur de ces oilèaux
par celle de leurs nids, elle ne devoit pas être beaucoup inférieure à celle de lautruche.
H ifi. des Navigations aux terres auflrales, tome I I , page 10 4 .
(a ) ln regione circa Tamafar urbem Indire complura avium généra fu n t, raptu prafertim
viventia, longé aquilis proceriora; nam ex fuperiore rofiri parte enfium cap ali fübricantur. ld
rofiri fulvum carateo colore difimélum. . . . A liti vero colos e fi niger f r item purpareus inter-
curfanfibus pennis nonnullis. Lud. patritius apud Gefnerum, A v i. pag. 2 0 6 .
(0) II y a au Sénégal des vautours aufii gros que des aigles, qui dévorent les petits
enfans quand ils en peuvent attraper à l'écart. Voyage d e le M a ire, page 10 6 .
làuvage de Lapponie (p ), gros & grand comme un mouton,
dont parle Regnard & la Martinière, & dont Olaiis Magnus
a fait graver Je nid, pourrait Ken encore être le même. Mais
iàns aller prendre nos comparaifons fi loin, à quelle autre efpèce
peut-on rapporter le lammer geier des Allemands ! ce vautour
des agneaux ou des moutons, qui a lôuvent été vu en Allemagne
& en Su ¡¡Te en différens temps, & qui eft Beaucoup plus
grand que; l’aigle, ne peut être quo 1« .n.L..-- Gcfner rapporte,
d’après u« Auteur digne de foi ( George FaBricius ), les faits
fiiivans. Des païfans d’entre Miefen & Brifa , villes d’Allemagne,
perdant tous les jours quelques pièces de Bétail qu’ils cherclioient
vainement dans les forêts, aperçurent un très-grand nid pofé fur
trois chênes, confirait de perches & de Branches d’arBres, &fi
étendu qu’un char pouvoir être à l’aBri deflous ; ils trouvèrent dans
ce nid trois jeunes oifeaux déjà fi grands que leurs ailes étendues
avoient fept aunes d’envergure ; leurs jamhes étoient plus grofies
que celles d’un lion, leurs ongles auifi grands & auffi gros que
les doigts d’un homme ; il y avoit dans ce nid plufieurs peaux
de veaux & de BreBis (qj. M. Valmont de Bomare & M.
Salerne, ont penfé comme moi, que le laemmer geier des Alpes,
devoit être le condor du Pérou.- Il a , dit M. de Bomare,
(p ) II lë trouve auffi dans la Lapponie Mofcovite, un oifeau fâuvage de couleur d’un
gris-de-perle, gros & grand comme un mouton, ayant la tête faite comme un chat, les
yeux fort étincelans & rouges; le bec comme un aigle, les pieds & les griffes 4 e mêmq.
Voyage des pays feptentrionaux, par la Martinière, page 7 6 , avec une figure. — II n’y a
guère moins d’oifeaux qqe de bêtes â quatre pieds en Lapponie; les aigles s’y rencontrent en
abondance; il s’en trouve d’une groflëur fi prodigieufe, qu’elles peuvent, comme je l’ai déjà
dit ailleurs, emporter des faons de rennes lorfou’ils font jeunes, dans leurs njds qu’ils font
au fommet des plus hauts arbres ; ce qui fait qu’il y a toujours quelqu’un pour les garder,
Regnard, Voyage de Lapponie, page 1 8 1 .
(q ) Diétion. d’H ift. nat. par M . Valmont de Bomare, article de Y A ig le.