hameaux & les fermes; il faifit & enlève les poules, les jeun®
dindons, les canards privés; & lorlque la volaille lui manque,
H prend des ïapreaux, des perdrix , des cailles & d’autres
moindres oifeaux : il ne dédaigne pas même I® mulots & les
lézards. Gomme ces oifeaux & fur-tout la femelle, ont I® ail®
court® & le corps gros, leur vol eft pefant, & ils ne s’élèvent
jamais à une grande hauteur : on 1® voit toujours voler
bas (e) , & faifir leur proie plutôt à terre que dans l’air. Leur
cri eft une elpece de iiiîement aigu qu’ils ne font entendre
que rarement : ils ne chaflènt guère que le matin & le foir
& ils le repolènt dans le milieu du jour.
On pourroit croire qu’il y a variété dans cette elpèce, car
Belon donne la defcription d’un fécond oifeau « qui eft, dit-il ( f ) ,
» encore une autre elpèce d’oifeau faint-martin, femblablement
» nommé blanche-queue, de même efpèce que le fuidit jean-
» le-blanc, & qui relîèmble au milan royal, de fi près, qu’on
» n y trouveroit aucune différence, li ce n’étoit. qu’il eft plus
» petit & plus blanc delîous le ventre, ayant les plum® qui
» touchent le croupion en la queue, tant delîiis que delîous
de couleur blanche ». Cec relTemhlanc® auxquelles on doit
en ajouter encore une plus eiTentielie , qui cil d’avoir les
jamb® longu® , indiquent feulement que cette elpèce eft voifine
de celle du jean-le-blanc ; mais comme elle en diffère confidé-
rablement par la grandeur & par d’autres caraéîères, on ne
peut pas dire que ce foit une variété du jean-le-blanc; &
( e) Quiconqué le regarde voler, advife en lui k femblance d’un héron en l’air; car il
bat des aiies & ne s’élève pas en amont comme pluiieurs autres oilèaux de proie, mais
vole le plus lôuvent bas contre terre, & principalement loir & matin. Béton, H ijl. nat.
d es O ifeaux, page 10 3 .
( f ) Idem , ilid em , page 10 4 ;
nous avons reconnu que c’eft le même oifeau que nos No-
mendateiirs ont appelé le lanier cendré, duquel nous ferons
mention dans la fuite fous le nom d’oifeau faint-martin, parce
quil ne reflèmble en rien au lanier.
Au relie, le jean-le-blanc qui eft très-commun en France,
eft néanmoins allez rare par-tout ailleurs, puifqu’aucun d® Natu-
ralift® d’Italie, d’Angleterre, d’Allemagne & du Nord, n’en
ont fait mention que d’après Belon; & c’eft par cette raifon
que jai cru devoir metendre fur I® faits particuliers de l’hiftoire
de cet oilèau. Je dois auflt oblèrver que M. Salerne a fait
une forte méprife (g ) , en dilànt que cet oilèau étoit le même
que le ringtail ou queue blanche des Anglois, dont ils
appellent le mâle henharrow ou henharrier, c’eft-à-dire,
ravijjèur de poules : c’eft ce caraâère de la queue blanche,
& cette habitude naturelle de prendre I® poid®, communs
au ringtail & au jean-le-blanc, qui ont trompé M. Salerne,
& lui ont fait croire que c étoit le même oifeau ; mais il
auroit dû comparer 1® defcriptiôns d® Auteurs précédens;
& il auroit aifément reconnu que ce font des oilèaux d’elpèc®
différent® : d’autr® Naturaliftes ont pris l’oilèau appelé par
( ë ) J*4 JiM-toblanc, pygargus acctpiter fubbuteo Tum en; R d il,fy n o p f. ën Anglois,
the ring ta il, ceft-à-dire, queue blanche; & ie mâle henharrow ou henharrier, c’eft-à-dire,
ravtffeur de poules ; il diffère des autres oilèaux de ce genre par ton croupion blanc, d’où
lui vient le nom d e pyghrgus en G r e c , & par un collier de plumes redreflées autour des
oreilles, qui lui ceint la tête comme une couronne. M . Linnæus ne parle point dé cet
oilèau ; apparemment qu’il ne le trouve point en Suède : il eft aflëz commun dans ce pays-ci^ '
& fur-tout en Sologne où il k i t ton nid par terre entre les bruyères à balais, que l’on
appelle vulgairement des hrémailles. Om ithol de Salerne, page a 3. Nota. Que fi M . Salemé
eut feulement vu cet oifeau, il n auroit pas dit qu’il avoit une couronne ou collier de plumes
redreffées autour de la tête; car le jean-le-blanc n’a point ce caraétère qui n’appartient qu’à
i oifeau que Tumer a nommé fubbuteo, & que M. Briflon appelle faucon à collier.