ni la figure, ni le vol de Faigfe. Ses habitudes naturelles font
auffi très-différentes, ainfi <jue fes appétits, ne vivant guère que
de poiilôn qu’il prend dans l’eau, même à quelques pieds de
profondeur (d ) ; & ce qui prouve que le poiifon eft en effet
là nourriture la plus ordinaire, c’eft que fa chair en a une très-
forte odeur. J’ai vu quelquefois cet oifeau demeurer pendant
plus d’une heure perché fur un arbre à portée d’un étang jufqu’à
ce qu’il aperçût un gros poifton fur lequel il pût fondre &
l’emporter enfuite dans lès ferres, II a les jambes nues &
quun pied fept pouces de longueur jufqu’aux ongles, & cinq pieds trois pouces de vol ; &
un autre que Ton m'a apporté «avoit qu’un pied neuf pouces de longueur de corps, &
cinq pieds ièpt pouces de vol : au lieu que la femelle -décrite par M .rs de l ’Académie des
Sciences, fous le nom ¿h a iia tu s, à l’article de l’aide que nous avons cité , avoit deux pieds
neuf pouces de longueur de corps, y compris la queue, ce qu i fait au moins deux pieds
de longueur pour le corps lèul, & lèpt pieds & demi de vol ; cette différence eft fi grande
qu’on pourrait douter que cet oÜèau décrit par M .rs. de l’Académie fut le balbuzard o.a
cr'aupêcherot, f i l’on n’en était alluré par les autres indications.
( d ) Nota- Malgré toutes ces différences, Ariftote a mis le balbuzard au nombré dés
aigles, & voici qu’i l en dit: Quititum j aquilæ) genus eft quod h a iia tu s, hoc eft marina
vocatur, cervice magna & cra jfâ , aJis curvaniibus, caudâ lata ; moratur hac th littoribus
& oris. A ccid it huic fa p tu su t cum ferre quod cepertt nequeat in gurgitem dmergattir. Ariftot.
H ift- anim. lib. I X , cap. x x x n . Mais il faut obièrver que les Grecs compreuoient tous
les oiièaux de proie qui volent de Jour fous les noms génériques de aëto s, gyps & hïerax,
c’eft-à-dire, aquila, vulttir ac'cipker; aigle, vautour 8c épervier, 8c que dans ces trois
genres ils en diffinguoient peu par des noms fpécifiques; 8c ¿eft fans doute par cette ration
qu Ariftote a mis le balbuzard au nombre des aigles. Je ne conçois pas pourquoi M . Ray,
qui d’ailleurs eft un Écrivain lavant 8c exaét, allure que l 'haiiatus 8c l'ojftfraga ne ïbnt
que le même oifèau, puilqu Ariftote les difb'ngue fi nettement tous deux 8c qù’if en traite
dans deux chapitres féparés; la feule railbn que Ray donne de lbn opinion, c’èft que le
balbuzard étant trop petit pour être mis au nombre des aigles, il n ’eft pas l'h a iia tu s; mais
il n’a pas fait attention que le morphnus ou petit aigle auquel on peut faire le même
reproche, a cependant été compté parmi les aigles comme l'h a lïa tu s, par Ariftote; &
qu’il rieft pas poiOble que l1haiiatus foit Xojftfraga, puilqu’il en affigne toutes les différences.
Je fais cette remarque, parce que cette erreur de Ray a été adoptée 8c répétée par plufiçurs
Auteurs, 8c for-tout par les Anglois.
ordmairement de couleur bleuâtre ; cependant il y en a quelques-
uns qui ont les jambes & les pieds jaunâtres, fes ongles noirs
très-grands & très-raigus, les pieds & les doigts fi roides qu’on
ne peut les fléchir ; le ventre ¡tout blanc, la queue large & la
tête grofl« & épaiïïè. II ¡diffère donc des aigles en ce qu!il a
les pieds <& le bas des jambes dégarnis de plumes, & que
Eongle de derrière eft le plus ¡court , tandis que dans les aigles
cet ongle de derrière eft le plus long de tous; il diffère encore
en ce qu’il a Je bec plus noir que les aigles, & que les pieds,
les ¡doigts & ia peau qui recouvre la bafè du bec font ordinairement
bleus , au lieu que dans les aigles toutes ces parties
font jaunes. Au refte, i( n’a pas des demi-membranes entre les
doigts du pied gauche comme le dit M. Linnseus (eÿ, car les
doigts des deux pieds lont également féparés & dénués ¡de membranes.
-C’eft une erreur populaire que cet oifèau nage avec un
pied, tandis qu’il prend le poiflèn avec l’autre, & c’eft cette
erreur populaire qui a produit la méprife de M. Linnæus, Auparavant
M. Klein a dit la même chofe de l'orfvaie ou grand
aigle de mer, & il s’eft également trompé, car ni l’un ni l’autre
de ces oifeaux n!a de membranes entre aucun doigt du pied
gauche. La iburce commtme de ces ¡erreurs eft dans Albert le
grand, qui a écrit que cet oifeau avoit l’un des pieds pareil à
celui dàrn épervier, .& fautre femblable à celui djone oie,
ce qui eft non-lèulement feux, mais ablurde & contre toute
analogie; en iorte qu’on ne peut qu’être étonné de voir que
Gefner, Aldrovande, Klein &. Linnæus, au lieu de s’élever
contre cette fauffeté faient accréditée, & qu’Aldrovande nous
•(•fi) Haüoetus. $j.... V iflita tp ifcïb u s, majonhus anat'tbus, pes fm ifter jubpalmatus. Linn.
Syft. nat. edit. x , tome I , page p /.