fon Bec jufqu’aux yeux , & à plufieurs reprifes dans l’eau. II y a
apparence que les autres oifeaux de proie fe cachent de même
pour boire. Cela vient vraifemblablement de ce que ces oifeaux
ne peuvent prendre de liquide qu’en enfonçant leur tête jufqu’au-
delà de I ouverture du bec , & jufqu’aux yeux, ce qu’ils ne font
jamais, tant quils ont quelque raifon de crainte: cependant,
le jean-le-blanc ne montroit de défiance que fur cela feuï,
car, pour tout le relie, il paroifloit indifierent & même allez
ilupide. II n etoit point méchant , & le îaifîoit toucher làns
s’irriter ; il avoit même une petite expreifion de contentement
C ô . . .. Co, lorfqu’on lui donnoit à manger ; mais il n’a pas
paru s attacher à perfonne de préférence. II devient gras en
automne, & prend en tout temps plus de chair & d’embonpoint
que la plupart des autres oilèaux de proie (h j.
II eft
f h ) N ota. Vo ic i ïa note que m’a donnée fur cet oiièau ¡’homme que fa i chargé du loin
e mes volières. ««Ayant prélènté au jean-le-blanc differensalimens, comme du pain, du
*» fromage, des raiûns, de h pomme, &c-, . . . il ma voulu manger d'aucun, quoiqu’il
- jeûnât depuis vingt-quatre heures : fa i continué à le faire jeûner trais jours de plus, &
» au bout de ce temps il- a également refufé tes aiimens; en forte qu’on peut affiner qu’ii
» ne^ mauge rien de tout cela, quelque Cirn qn’il reffente : je iui ai aufïi préfenté des vers
» quitta oenihmment réfute; ra t iui en ayant mis «fans le bec, il i’a re jn i, quoiquil
■u l’eût déjà avalé preique à moitié' : H fc jetoit avec avidité for lès mulots & les foutis que
» je iui donnois, i[ les avaloit làns leur donner un feul coup de hec ; fe me fois aperçu
» que iorfquii en avoit avaié deux ou trois, ou feulement une greffe, il-paroifloit avoir
» un air plus inquiet, comme s’il eût tefloiti quelque douleur; il avoit alors la tête moins
» libre Sf. plus enfoncée qu’à l’ordinaire; il reftoit cinq ou iîx minutes dans cet état,
» Êns soceuper dâutie chofe; car’ i l ne regardoit pas de tous côtés comme il foh ordinai-
» rement, & je crois même qu’on aurait pu lbpprodier làns qu’il fe fut retourné, tant ,il
» étoit iérieufement occupé de ia digeflion des fouris qü’ii venoit d’avaler: je iui ai" préfenté
» des grenouilles & des pents poiflons; iï à toujours refufé ies poilfons & mangé les gre-
» nouilles par demi-douzaines, & quelquefois davantage; mais ii ne ies avale pas tout
» entières comme ies feuns, ii les làiiît d’abord avec fes ongles & les dépèce avant de ies
D U J E A N - L E - B L A N C.
II eft très-commun en France, & comme le dit Belon,
il n’y a guère de villageois qui ne le connoiflènt, & ne le
redoutent pour leurs poules. Ce font eux qui lui ont donné
le nom de jean-le-blanc ( c ) , parce qu’il eft: en effet remarquable
par la blancheur du ventre, du deiîous des ailes, du
croupion & de la queue. II eft cependant vrai qu’il n y a que
le mâle qui porte évidemment ces caractères ; car la femelle eft
preique toute grife, & n’a que du blanc fale fur les plumes
du croupion; elle eft, comme dans les autres oifeaux de proie,
plus grande , plus groflè & plus pefante que le mâle : elle fait
fon nid prelqu’à terre, dans les terreins couverts de bruyères,
de fougère, de genêt & de joncs ; quelquefois auffi fur des
fapins & fur d’autres arbres élevés. Elle pond ordinairement
trois oeufs, qui font d’un gris tirant fur l’ardoiiè (d ) : le mâle
pourvoit abondamment à fa fubfiftance pendant tout le temps
de l’incubation, & même pendant le temps qu’elle foigne & élève
lès petits. II fréquente de près les lieux habités, & fur-tout les
manger : je Fai fait jeûner pendant trois jours, en ne iui donnant que du poiflon crud ; «
il la toujours refuie : j’ai obfervé qu il rendoit les peaux fouris en petites pelotes ««■
longues d’environ un pouce; & en les feiiànt tremper dans de l’eau chaude, j’ai reconnu ««
qu’il n’y avoir <juq fe poil & fe peau de ia louris, làns aucun os, & . j’ai trouvé dans «.
quelques-unes de ces pelotes des grains de fer fondu & quelques autres parcelles de «
charbon ».
(c ) Les habitans des villages connoiflènt un oilèau de proie, à leur grand dommage,
qu ils nomment jean-le-blanc ; car il mange leur volaille plus hardiment que le milan.
Belon, H iß . nat. des O ifeaux, page 10 3 .
. . . . .C e jean-le-blanc aflàut les poules des villages & prend les oilèaux & connins;
car aufli èft-il hardi : il feit grande deftruélion des perdrix & mange les petits oilèaux ; car
il vole à la dëvqbée le long des haies & de l’orée des forêts, Ibmme qu’il n’y a païlàn qui
ne le connoiffe. Idem , ibidem.
( d ) Ornithologie de Saleme, pages 2 g à " 2 4 ,