b u G e r f a û T.
& Je l’Alie ; ils habitent en Ruffie, en Norvège, en Iflande,
en Tartarie, & ne fe trouvent point dans les climats chauds,
ni même dans nos pays tempérés. C ’eft, après l’aigle, ïe plus
puilîànt, le plus vif, le plus courageux de tous îes oifeaux de
proie : ce font auffi ies plus chers & les plus eftimés de tous
ceux de la fauconnerie : on les transporte d’Illande & de Ruffie
en France (b), en Italie & jufqu’en Perle & en Turquie (c);
& il ne paroît pas que la chaleur ' plus grande de ces climats
leur ôte rien de leur force & de leur vivacité ; ils attaquent les
plus grands oifeaux, & font aifément leur proie de la cigogne,
du héron & de la grue ; ils tuent les lièvres en fe laiffimt tomber
à plomb deffiis: h femelle eft, comme dans les autres oifeaux
de proie, beaucoup plus grande & plus forte que le mâle : on
appelle celui-ci tiercelet de gerfaut, qui ne lèrt dans la fauconnerie
que pour voler le milan, le héron & les corneilles.
: (b ) Nous ne verrions point le gerfaut, s’il ne nous étoit apporté d’étrange pays.; on dit
qu’il vient de Ruffie où il feit fon aire, & qu’il ne hante lie Italie ne France, & qu’il
eft oifèau paffiager en Allemagne.. . . . C ’eft un oifèau bon à tous vols; car il ne refufe
jamais rien, & il eft plus hardi que nul autre oifèau de proie. Belon, H iß . nattir. des
O ifeau x, pages 9 4 & 9 5 .
- (c) N ota. C ’eft au gerfaut qu’il % it rapporter le paflage fuivant : « II ne feut pas oublier
de faire mention d’un oifèau de proie qui vient de Mofeo v ie , d’où on le tranfporte en «
Perfe, & qui eft prefque auffi gros qu’un aigle; ces oifeaux font rares, & il n’y a que «
le Roi fèul qui puiffe en avoir. Comme c’eft la coutume en Perfe d’évaluer lès préfens «
que l’on feit au R o i, fans en rien excepter, ces oifeaux font mis à cent tomans fe «
pièce, qui font quinze cents écus; & s’il enïheurt quelques-uns en chemin, l’AmbaiTadeur «
en apporte à Sa Majefté fe tête & les ailes, & on lui tient compte de l’oifêau, comme «
s’il étoit vivant: on dit que cet oifeau feit fon nid dans la neige, qu'il perce jùfqu’à «
terre par la chaleur de fon coips, & quelquefois juiqu’à une toifè de hauteur, & c . , . . »
Voyage de Chardin, tome I I , page 3 1 .