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L E S A C R E (a).
crois devoir féparer cet oifeau de la Dite des faucons, &
Je mettre à la fuite du lanier, quoique quelques-uns de nos
Nomenclateurs (b), ne regardent Je Sacre que comme une variété
de l’efpèce du faucon, parce qu’en Je confidérant comme
variété, elle appartiendroit Lien plutôt à l’efpèce du lanier qu’à
celle du faucon : en effet, le facre a, comme le lanier, le Lee
& les pieds Lleus, tandis que les faucons ont les pieds jaunes.
Ce caraétère qui paroît fpécinque, pourrait même faire croire
que le facre ne ferait réellement qu’une variété -du lanier ; mais
il en diffère Leaucoup par les couleurs, & conftamment par
la grandeur ; il paroît que ce font deux efpèces diftinétes &
voifînes, qu’on ne doit pas mêler avec celles des faucons : ce qu’il
y a de fingulier ici, e’eft que Belon eft encore le feul qui nous
ait donné des indications de cet oifeau; iàns lui, les Naturaliftes
ne connoîtroient que peu ou point du tout le facre & le lanier :
tous deux font devenus également rares, & c'efl ce qui doit
faire préfumer encore qu’ils ont les mêmes habitudes naturelles,
& que par conféquent ils font d’efpèces très-voifines. Mais Belon
les ayant décrits, comme les ayant vus tous deux, & les donnant
comme des oifeaux réellement différens l’un de l’autre, il eft jufte
de s’en rapporter à lui, & de citer ce qu’il dit du facre, comme
'(a ) Sa cre, ïa femelle; Sa cret, le m â le .. . . Belon, H iß . nat. des O ifeau x, page 10 8 ,
avec la fig. page i op. En Latin moderne, F àko-facer; en Italien, Sacro; en Allemand,
Sacker; en An glo is, Sacre,
(b ) F a kofa cer. L e Sacre. Brillbn, Ornithologie, tome I , page-3 3 7 , N ota. C e t Anteur
en fait la douzième variété de l’efpèce du faucon.
nous avons cité ce qu’il' dit du lanier. « Le facre eft de plus
laid pennage que nul des oifeaux de fauconnerie; car il eft
de couleur comme entre roux & enfumé, femLIaLle à un
milan ; il eft court empiété, ayant les jambes & les doigts
Lleus, reffemLlant en quelque chofe au lanier : il forait quafi
pareil au faucon en grandeur, n’étoit qu’il eft compafle plus
rond. II eft oifeau de moult hardi courage, comparé en force
au faucon -pèlerin : auffi eft oifeau de paflàge, & eft rare de
trouver homme qui fe puiffe vanter d’avoir oncq’veu l’endroit
où il fait fes petits : il y a quelques Fauconniers qui font
d’opinion qu’il vient de Tartarie & Ruffie, & de devers la
mer majeur, & que faifant fon chemin pour aller vivre certaine
partie de l’an vers la partie du midi, eft prins au paffage par
les Fauconniers qui les aguettent en diverfes îles de la mer
Égée, Rhodes, Chypre, &c. Et combien qu’on faffe de
hauts vols avec le fàcre pour le milan, toutes fois on le peut
auffi dreffer pour le gibier & pour la campagne, à prendre
oyesfàuvages, oftardes, olives,, faiferids, perdrix, lièvres &
à toute autre manière de gibier. . Le facret eft le mâle &
le facre la femelle, entre lefquels il n’y a d’autre différence
finon du grand au petit ».
En comparant cette defeription du facre, avec celle que le
même Auteur a donnée du lanier, on fe perfuadera aifëment, |
1.° que ces deux oifeaux font plus voifins l’un de l’autre que
d’aucune autre efpèce ; 2 ° que tous deux font oifeaux pafîàgers,
quoique Belon dife que le lanier étoit de fon temps naturel en
France, il eftprefque fur qu’on ne l’y trouve plus aujourd’hui; H
3.0 que ces deux oifeaux paroiffent différer effentiellement des
faucons, en ce qu’ils ont le corps plus arrondi, les jambes plus