& commencer par saffurer des principales circonftances
de leurs voyages ; connoître les routes qu’ils pratiquent,
les lieux de repos où ils gîtent, leur féjour dans chaque
climat, & les obferver dans tous ces endroits éloignés : ce
n’ell donc qu’avec le temps, & je puis dire dans la lùite
des fiècles, que l’on pourra donner i’hiftoire des oifeaux
auiîi complètement que nous avons donné celle des
animaux quadrupèdes. Pour le prouver, prenons un
feuT oifeau, par exemple, l’hirondelle, celle que tout
le monde connoît, qui paroît au printemps, difparoît
en automne, & fait fon nid avec de la tetre contre les
fenêtres ou dans les cheminées; nous pourrons, en les
obfervant, rendre un compte fidèle & allez exaét de
leurs moeurs, de leurs habitudes.naturelles, & de tout
ce quelles font pendant les cinq ou fix mois de leur
féjour dans notre pays ; mais on ignore tout ce qui leur
arrive pendant leur abfence, on ne fait ni où elles vont
ni d’où elles viennent; il y a des témoignages pour &
contre au fujet de leurs migrations ; les uns alïurent
quelles voyagent & fe tranlportent dans les pays chauds
pour y palfer le temps de notre hiver; les autres prétendent
qu’elles fe jettent dans les marais, & qu’elles y
demeurent engourdies jufqu’au retour du printemps; &
ces faits, quoique directement oppofés, paroiffent néanmoins
également appuyés.par des obfervatipns réitérées:
comment tirer la vérité du fein de ces contradi&ions !
comment Ja trouver au milieu de ces incerti tudes !.. j’ai.
fait
fait ce que j’ai pu pour la démêler; & l’on jugera par
les foins qu’il faudroit fe donner & les recherches qu’il
faudrait faire pour éclaircir ce feul fait, combien il
ferait difficile d’acquérir tous ceux dont on aurait befoin
pour faire l’hiftoire complète d’un feul oifeau de paffage,
& à plus forte raifon l’hiltoire générale des voyages de
tous.
Comme j’ai trouvé que dans les quadrupèdes il y a
des eipèces dont le fang fe refroidit & prend à peu
près le degré de la température de l’air, & que c’ell ce
refroidiffement de leur fang qui caufe l’état de torpeur
& d’engourdiffement où ils tombent & demeurent pendant
l’hiver; je n’ai pas eu de peine à me perfuader
quil devoit auffi fe trouver parmi les oifeaux, quelques
eijjèces fujettes à ce même état d’engourdiffement caufé
par le froid, il me paroillbit feulement que cela devoit
être plus rare parmi les oifeaux, parce qu’en général, le
degré de la chaleur de leur corps ell un peu plus grand
que celui du corps de l’homme & des animaux quadrupèdes
; jai donc fait des recherches pour connoître quelles
peuvent être ces eipèces fujettes à l’engourdiffement; &
pour favoir li l’hirondelle étoit du nombre, j’en ai fait
enfermer quelques-unes dans une glacière où je les ai
tenues plus ou moins de temps, elles ne s’y font point
engourdies, la plupart y font mortes , & aucune n’a
repris de mouvement aux rayons du foleil: les autres
qui n’avoient fouffert le froid de la glacière que pendant
Tome I. d