H i s t o I R E N A T U R E L L E
queue Manche & l'aigle à tête Manche:.je n’ajouterai pas à ces
elpèces celle de iaigle blanc, car je ne penfe pas que ce foit
une eipèce particulière, ni mente une race confiante & qui
appartienne à une efpèce déterminée; ce n’eft à mon avis quune
variété accidentelle produite par le froid du climat, & plus fouvent
encore par la vieilieffe de l’animal : on verra dans l’hifloire particulière
des oifeaux, que plufieurs d’entr’eux, & fes aigles fur-
tout, blanchiffent par la vieilieffe & même par les maladies, ou
par la trop longue diète.
On verra de même, que l’aigle noir n’eft qu’une variété dans
l’efpèce de l’aigle bran ou aigle commun : que l'aigle à tête
blanche & le petit aigle à queue blanche, ne font auffi que
des variétés dans l’elpèce du pygargue ou grand aigle â queue
blanche; & que l’aigle blanc n’eft qu’une variété accidentelle ou
individuelle qui - peut appartenir à toutes les efpeces ; ainfî des
onze prétendues efpèces d’aigles, il ne nous en refle plus que
trois, qui font le grand aigle, l’aigle moyen & le petit aigle;
les quatre autres; favoir le pygargue, le balbuzard, 1 orfraie &
le jean-le-blanc, étant des oifeaux allez différens des aigles pour
être conGdérés chacun féparément, & porter par conféquent
un nom particulier. Je me fuis déterminé à cette réduâion
d’efpèces, avec d’autant plus de fondement & de raifon, qui!
étoit connu dès le temps des Anciens, que les aigles de races
différentes fe mêlent volontiers & produifent enfemble, & que
d’ailleurs cette divifion ne s’éloigne pas beaucoup de celle
d’Ariflote, qui me paroît avoir mieux connu qu aucun de. nos
Nomenclateurs, les vrais caraélères & les différences reelles qui
féparent les efpèces : il dit qu’il y en a fix dans le genre des
aigles; mais dans ces fix efpèces, il comprend un oiféau qui!
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avoue lui-même être du genre des vautours ( a ), & qu’il faut
par conféquent en féparer, puifque c’eft en effet celui que l’on
connoît fous le iiom de vautour des Alpes : ainfi relie à cinq
efpèces qui correspondent d’abord aux trois efpèces d’aigles que
je viens d’établir; & enfuite à la quatrième & à la cinquième,
qui font îe pygargue & l’aigle .de mer ou balbuzard. J’ai cru,
malgré l’autorité de ce grand Philofbphe, devoir féparer des
aigles proprement dits, ces deux derniers oilèaux, & c’efl en
cela feu! que ma réduétion diffère de la fïenne; car, du refle
je me trouve entièrement d’accord avec fès idées, & je penfe
comme lui, que l’orfraie, ojjifraga ou grand aigle de mer, ne
doit pas être compté parmi les aigles, non plus que l’oilëau
appelé jean-le-blanc, duquel il ne fait pas mention, & qui efl
fi différent des aigles qu’on ne lui en a jamais donné le nom.
Tout ceci fera développé avec avantage & plus de clarté pour le
Leéteur dans lés articles fuivans, où l’on va voir en détail les
différences de chacune des efpèces que nous venons d’indiquer.
ia) Quartum genus (a q u tla ) percnopterus a l alarum rtotis appéllatum ; capite albicante ;
corpore .majore quam coetera adhuc didoe ( p yg â r g o s m o k ph n o s e t MELOENÀETo s .) hac
e fl : fe d brevioribus a lis; caudâ longiore. V u e t u r is - fpeciem hac refert, fubaquila f r nioritaha
ciconia cognominatur : incolit lucos degener., tiec vitiis caterarum caret, & bonorum qua ilia
obtinent expers e fl.; quippe qua a corvo, caterifque id genus alitibus verberetur, fugetur,
capiatur: gravis e fl enim , viâu mers ; exanimala fer t corpora; fam elica Jemper e fl, & querda
clamitat ¿ r clangit. Arift. H iß . anim. lib. I X , cap. x x x i i .