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chant qui ceffe & renaît dans les mêmes temps, nous indique
des altérations relatives dans le gofier de l’oifeau; & il ferait bon
d’oblèrver s’il ne fe fait pas alors dans les organes de fa voix
quelque production nouvelle, quelqu’extenfion conftdérable, qui
ne dure qu’autant que le gonflement des parties de la génération
.A
u refte, l’homme paraît encore avoir influé fur ce fentiment
d’amour le plus profond de la Nature, il femble au moins qu’il
en ait étendu la durée & multiplié les effets dans les animaux
quadrupèdes & dans les oifeaux qu’il retient en domefticité; les
oifeaux de baffe-cour & les quadrupèdes domeftiques, ne font
pas bornés comme ceux qui font libres, a une feule làiièn, a un
feul temps de rut; le coq, le pigeon, le canard, peuvent comme
le cheval, le bélier & le chien, s’unir & produire prefqu’en
toute faifon, au lieu que les quadrupèdes & les oifeaux fauvages,
qui n’ont reçu que la feule influence de la Nature, font bornés
à une ou deux faiibns, & ne cherchent à s’unir que dans ces
feuls temps de l’année.
Nous venons d’expofer quelques-unes des principales qualités
dont la Nature a doué les oifèàux, nous avons tâché de'recon-
noître les influences de l’homme fur leurs facultés, nous avons
vu qu’ils l’emportent fur lui & fur tous les animaux quadrupèdes,
par l’étendue & la vivacité du fenide la vue, par la précifion,
la fènfibilité de celui de l’oreille, par la facilité & la force de
la voix, & nous verrons bientôt qu’ils l’emportent encore de
beaucoup par les puiflànces de la génération, & par l’aptitude au
mouvement qui paraît leur être plus naturel que le repos ; il y
en a, comme les oifeaux de paradis, les mouettes, les martin-
pêcheurs, &c. qui femblent être toujours en mouvement & ne
le repofer que par inflans;• plufieurs le joignent, fè choquent,
femblent s’unir dans 1 air; tous fàififîènt leur proie en vojant fans
fè détourner, fans s arrêter; au lieu que le quadrupède efl forcé
de prendre des points d’appui, des momens de repos pour fe
joindre, & que I’inflant où il atteint là proie efl la fin de fa
courfe : l’oifeau peut donc faire dans l’état de mouvement plufieurs
chofes qui, dans le quadrupède, exigent l’état de repos; il peut
auflï faire beaucoup plus en moins de temps, parce qu’il fe meut
avec plus de vîtefîè, plus de continuité, plus de durée : toutes
ces caufes réunies influent fur les habitudes naturelles de l’oifeau,
& rendent encore fon inflinél différent de celui du quadrupède. -
Pour donner quelque idée de la durée & dé la continuité du
mouvement des oifeaux, & auffi de la proportion du temps &
des efpaces qu’ils ont coutume de parcourir, dans leurs voyages,
nous comparerons leur vîtefîè avec celle des quadrupèdes, dans
leurs plus grandes courfes naturelles ou forcées;.le cerf, le renne
& l’élan peuvent faire quarante lieues en un jour ; le renne, attelé
à un traîneau, en fait trente ( l) , & peut foutenir ce même mouvement
plufieurs jours de fuite: le chameau peut faire trois cents
lieues en huit jours (mj; le cheval élevé pour la courfe & choifi
parmi les plus légers & les plus vigoureux, pourra faire unë
lieue en fix ou fept minutes, mais bientôt fa.vîtefîè fe ralentit
& il ferait incapable de fournir une carrière un peu longue qu’il
aurait entamée avec cette rapidité : nous avons cité 1 exemple de
la courîè d’un Anglois (n ), qur fit en onze heures trente-deux
minutes, foixante-douze îieues en changeant vingt-une fois de
( l ) Hiftoire naturelley- générale & particulière, tome X II.
(tn ) Idem, tome I I , page 2 2
( n ) Idem, tome IV , page 2 3 3 .