qu’il fervoit au plaifir des Princes qui lui faifoient donner la
chafle, & livrer, combat par le faucon ou l’épervier; on voit
en effet, avec plaifir, cet oifèau lâche, quoique doue de toutes
les facultés qui devraient lui donner du courage, ne manquant
ni d’armes , ni de force, ni de légèreté, refufer de combattre^
& fuir devant l’épervier beaucoup plus petit que lui, toujours
en tournoyant & s’élevant, comme pour fe cacher dans íes
nues, jufipéà ee que fcelui-ci l’atteigne, le rabatte à coups d’ailes,
de-ferres & de bec, & le ramène à terre moins Hèifé que
battu , & plus vaincu par la peur que par la forcé de fon
Le milan dont le corps entier ne pèfe guère que deux
livres & demie, qui n’a que'feize ou dix-fept pouces de longueur,
depuis le bout du bec jufqu’à l’extrémité des' pieds, a
néanmoins près de cinq pieds de vol ou d’envfcrgure: la peau
nue qui couvre la bafe du bec ell jaune, auflî-bien que l’iris
des yeux & les pieds : le bec efl de couleur de corne & noirâtre
vers le bout , & les ongles font noirs : fà vue efl auffi
perçante que fon vol efl rapide; il fe tient fouvent à une fi
grande hauteur, qu’il échappe à nos yeux, & c’efl de-là qu’il
vife & découvre fà proie ou fa pâture , & fe laifTe tomber fur
Jiïte ou G lea d ; en PoÎoqois, K en ia ; en Suédois, G lad a ; en vieux François, É c o u te ,
E cou ÿe, H uau, A ülion.% M Miian royal. Belon, H ifi. tiator. des Oifear/x, pige i 2 <,.
— Milan royal, Albin. lom. I , pag. p l. coloriée — The K ite , M ihius regalis,; Brie.
t 1 A l m c fi« “ " « * « * - — L e Milan royal. Briffoh, O b ilfc toméY,
page 4 1 4 , pi. 3 3 . N ota. Les Grecs appeloient. f x i s le putois; & il eft probable qu’ils
? “ 311 n* n fe nom ■ Parc' q * fc milan attaque & tue les volailles ’ ‘ comme
le putois. — Les tains font appelé M i/vus, quafi mollis avis., o ifeu lâche; les mises Huau
ou Huo en vieux françois, & Wowe en Hoilandois, femblènt être des dénominations
empruntées de fon cri bu-o, — G lead en Anglôis & Glàda en Suédois, font tirés de ce
qu il parort gibier en volant. — M ilion eft un mot corrompu de Milan.
tout ce qu’il peut dévorer ou enlever làns réfiflâhce : il n’attaque
que les plus petits animaux & les oifeaux les plus foibles ; c’eft
fur-tout aux jeunes pouffins qu’il en veut; mais la feule colère de
la mère-poule fùffit pour le repouflèr & l’éloigner, « Les milans
font des animaux tout-à-fait lâches, m’écrit un de mes amis (c), «
je les ai vu pourfùivre à deux un oifèau de proie pour lui k
dérober celle qu’il tenoit, plutôt que de fondre fur lui, & ce
encore ne purent-ils y réuffir : les corbeaux les infultent & «
les chafîènt ; ils font .mir. vorace«, auftft gourmands que «
lâches • ;<= les ai vu prendre à la fuperficie de l’eau, des petits «
poiflbns morts & à demi corrompus ; j’en ai vu emporter «
une longue couleuvre dans leurs ferres; d’autres le pofer lùr k
des cadavres de chevaux & de boeufs : j’en ai vu fondre a.
fur des tripailles que des femmes lavoient le long d’un petit «
ruiflèau , & les enlever prefqu’à côté d’elles : je m’avifài une «
fois de prélènter à un jeune milan que des enfans nourriffoient «
dans la maifon que j’habitois, un allez gros pigeonneau, il k
l’avala tout entier avec les plumes ».
Cette elpèce de milan ell commune en France, lur-tout dans
les provinces de Franche-comté', du Dauphiné, de Bugey, de
l’Auvergne, & dans toutes les autres qui font voifines des
montagnes : ce ne font pas des oifeaux de paflâge, car ils font
leur nid dans le pays, & l’établiflènt dans des creux de rochers.
Les Auteurs de la Zoologie Britannique (d), difent de même
qu’ils nichent en Angleterre, & qu’ils y refient pendant toute
(c) M. Hébert, que j’ai déjà cité comme ayant bien obiêrvé plufieurs faits relatifs à
l’hiftoire des oilèaux.
(d) Some have fuppojed thefe to le lïrds o f pajfage ; but in engJand- they certainty.
continue the whole year. Britifch Zoology. Species v i, the kite.