d’un quart plus petit que la femelle. Après avoir réfléchi fur cette
Angularité, & reconnu qu’elle ne pouvoit pas dépendre des
caufes générales, j’ai recherché s’il n’y en avoit pas de particulières
auxquelles on pût attribuer cet effet; & j’ai trouvé en
comparant les palïàges de ceux qui ont diflequé des oifeaux de
proie, qu’il y a dans la plupart des femelles un double coecum \
aflêz gros & allez étendu ; tandis que dans les mâles il n y a
qu’un ccecum > & quelquefois point du tout : cette différence de
la conformation intérieure, qui lé trouve toujours en plus dans
les femelles que dans les mâles, peut être la vraie caufe phylique
de leur excès en grandeur. Je laiflé aux gens qui s’occupent
d’anatomie à vérifier plus exaélement ce fait, qui feul m’a paru
propre à rendre raifon de la fupériorité de grandeur de la femelle
fur le mâle, dans prefque toutes les efpèces des grands
oifeaux de proie.
L ’émérillon vole bas, quoique très-vîte & très-légèrement :
il fréquente les bois & les huilions pour y faifirles petits oifeaux,
& chalîè feul làns être accompagné de là femelle; elle niche
dans les forêts en montagnes, & produit cinq ou fîx petits.
Mais indépendamment de cet émérillon dont nous venons
de donner l’hiftoire & la repréfentation, il exille une autre efpèce
d’émérillon mieux connue des Naturalilles, dont M. Frifch a
donné la figure (p l. LXXXIX), & qui a été décrit d’après
nature par M. Briffon , tome 1, page 3 82 ; cet émérillon
diffère en effet par un alfez grand nombre de caraélères de I’émé-
| rillon des Fauconniers ; il paraît même approcher beaucoup plus
de l’efpèce de la crelTereile, du moins autant qu’il nous ell permis
d’en juger par la repréfentation, n’ayant pu nous le procurer en
nature ; mais ce qui femble appuyer notre conjeélure, c’eft que
les oifeaux d’Amérique qui nous ont été envoyés fous les noms
démérillon de Cayenne (planche 44.4. ) , & émérillon de Saint-
Domingue (planche 4 63 ) , ne nous ■ paroiffent être que des
variétés d une feule efpèce, & peut-être l’un de ces oifeaux n’eft-il
que le mâle ou la femelle de l’autre ; mais tous deux relfemblent
fi fort à l’émérillon donné par M. Frifch, qu’on doit les regarder
comme étant d’elpèce très-voifine ; & cet émérillon d’Europe,
aulfi-bien que ces émérillons d’Amérique dont les elpèces font fi
voifines paraîtront, à tous ceux qui les confidèreront attentivement,
beaucoup plus près de la crellèrelle que de l’émeriflon des . Fauconniers
a
: il le peut donc que cette, cfpêce ait paffe d un continent
l’autre ; & en effet M. Linnæus fait mention des crelîerelles
en Suède, & ne dit pas que les émérillons s’y trouvent; ceci
femble confirmer encore notre opinion, que ce prétendu émérillon
des Naturalilles n’elt qu’une variété, ou tout au plus une efpèce
très-voifine de celle de la crelTereile ; on pourrait même lui
donner un nom particulier , fi on vouloit la dillinguer , loit de
l’émérillon des Fauconniers, loit de la crellèrelle, & ce nom
ferait celui qu’on lui donne dans les îles Antilles. « L émérillon,
dit le P. du Tertre, que nos habitans appellent giy gry, à a
caufe qu’en volant il jette un cri qu’ils expriment par ces fyllabes «
g ry g r y , ell un autre petit oilèau de proie qui n’ell guère oc
plus gros qu’une grive ; il a toutes les plumes de dellus le dos a
& des ailes rouffes, tachées de noir, & le deflbus du ventre «
blanc, moucheté d’hermine: il ell armé de bec & de griffes «
à proportion de là grandeur; & il ne fait la chalîè quaux «
petits lézards & aux fauterelles, & quelquefois aux petits oc
poulets quand ils font nouvellement éclos ; je leur en ai fait a
lâcher plufieurs fois, ajoute-t-il; la poule fe defend contre lui &