une voix haute, une eipèce d’appel hoho, hoho: tous deux font
pendant le jour des geiles ridicules & bouffons en préfence des
hommes & des autres oifeaux. Ariftote n’attribue cette efpèce de
talent ou de propriété qu’au hibou où moyen duc, otus; Pline
la donne au lcops, & appelle ces geftes bizarres, motus fatyricos;
mais ce lcops de Pline eft le même oilèau que Yotos d’Ariftote;
car les Latins confondoient fous le même nom fcops, Yotos & le
fcops des Grecs, le moyen duc & le petit duc qu’ils réuniffoient
fous une feule eipèce, & fous le même nom, en fe contentant
d’avertir qu il exiftoit néanmoins des grands fcops & des petits.
C ’eft en effet au hibou , otus , ou moyen duc , qu’il faut
principalement appliquer ce que dÆ>nt les Anciens de ces geftes
bouffons & mouvemens fatyriques ; & comme de très-habiles
Phyficiens & Naturaliftes ont prétendu que ce n’étoit point au
hibou , mais à un autre oifeau d’un genre tout différent, qu’on
appelle la demoifelle de Numidie, qu’il faut rapporter ces paflàges
des Anciens, nous ne pouvons nous dilpenfer <fe difcuter ici
cette queftion, &_de relever cette erreur.
Ce font M.rs les Anatomiftes de l’Académie des Sciences,
qui dans la defcription qu’ils nous ont donnée de la demoifelle de
Numidie, ont voulu établir cette opinion & s’expriment dans les
termes fuivans. « L’oifeau ( difent-ils ) que nous décrivons, eft
» appelé demoifelle de Numidie, parce qu’il vient de cette pro-
» vince d’Afrique, & qu’il a certaines façons par lefqueües on a
» trouvé qu’il fembloit imiter les geftes d’une femme qui affeéle
» de la grâce dans fon port & dans fon marcher, qui femble
» tenir fou vent quelque choie de la danfe : il y a plus de deux
» mille ans que les Naturaliftes qui ont parlé de cet oilèau,
» l’ont défîgné par cette particularité de l’imitation des geftes &
des contenances de la femme. Ariftote lui a donné le nom de
bateleur , de danfeur & de bouffon , conÇrefailànt ce qu’il
.voit faire Il y a apparence que Cet oifeau danfeur &
bouffon étoit rare parmi les Anciens , parce que Pline croit
qu’il eft fabuleux, en mettant cet animal qu’il appelle làty-
rique au rang des pégafes , des griffons & des firènes ; il eft
encore croyable qu’il a été jufqu’à préfent inconnu aux Modernes
, puifqu’ils n’en ont point parlé comme l’ayant vu ,
mais feulement comme ayant lû dans les écrits des Ançiens, la
defcription d’un oifeau appelé fcops & otus paries Grecs,
& afio par les Latins, à qui ils avoient donne-le nom de dans
feur, de bateleur & de comédien nes forte qu il s agit de voir
fi notre demoifelle de Nunw'die peut paflèr pour le fcops &
pour Y otus des Anciens; la defcription qu’ils nous ont laifîee de
Y otus ou fc o p s , confifte en trois particularités remarquables....
la première eft d’imiter les geftes la fécondé eft d’avoir
des éminences de plumes aux deux cotes de la tête, en forme
d’oreilles............& la troifième ef t la copieur du plumage,
qü’Alexandre Myndien, dans Athénée , dit être de couleur
de plomb ; or la demoifelle de Numidie a ces trois attributs,
& Ariftote femble avoir voulu exprimer leur manière de
danfer, qui eft de fauter l’une devant l’autre, lorfqu’il dit
qu’on les prend quand elles danfent l’une contre l’autre, Belon
croit néanmoins que Y otus d’Ariftote eft le hibou, par la feule
raifon que cet oifeau, à ce qu’il dit, fait beaucoup de mines
avec la tête -, la plupart des Interprètes d’Ariftote, qui font aufli
de notre opinion , fe fondent for le nom S otus, qui lignifie,
ayant des oreilles ; mais ces elpèces d’oreilles dans ces oifeaux
ne font pas tout-à-fait particulières au hibou, & Ariftote
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