H i s t o i r e N a t ü r e e l e
l’empêchent pas de dévorer le pigeon, & il ne fait de grands
efforts pour s’en débarraffer, que quand il eft repu.
L’autour fe trouve dans les montagnes de Franche-comté , du
Dauphiné, du Bugey, & même dans les forêts de la province
de Bourgogne & aux environs de Paris; mais il eft encore plus
commun en Allemagne qu’en France, & l’efpèce paroît s’être
répandue dans les pays du Nord jufqu’en Suède; & dans ceux
de l’Orient & du midi, jufqu’en Perfe & en Barbarie; ceux de
Grèce font les meilleurs de tous pour la fauconnerie, félon Belon ;
«c ils ont, dit-il, la tête grande, le cou gros & beaucoup de
» plumes; ceux d’Arménie, ajoute-t-il, ont les yeux verts; ceux
» de Perfe les ont clairs, concaves & enfoncés; ceux d’Afrique,
33 qui font les moins eftimés, onties yeux noirs dans le premier
âge, & rouges après la première mue; 33 imîs ce caractère n’eft
pas particulier aux autours d’Afrique ; ceux de notre climat
ont les yeux d’autant plus rouges qu’ils font plus âgés ; il y a
même dans les autours de France, une différence ou variété de
plumage & de couleur qui a induit les Naturelles en une efpèce
d’erreur ( c j ; on a appelé bujard (planche 4.23 ) , un autour
dont le plumage eft blond, & dont le naturel plus lâche que
celui de l’autour brun, & moins fufoeptible d’une bonne éducation
, l’a fait regarder comme une efpèce de bulè ou bulard,
& lui en a fait donner le nom: c’eft néanmoins très-certainement
un autour, mais que les Fauconniers rejettent de leur
école. II y a encore une variété aflèz légère dans cet autour
- fc ) Nota. M . Brifibn a donné iôus le nom de gros bufard (tome I , page 3 9 8 ), cet
autour blond, dont il fait une efpèce particulière, non-feulement différente de celle de
T-autour, mais encore de toutes les autres efpèces de bufàrds; cependant il eft très-certain
que ce neft qu’une variété, même légère dans i’elpèce de i’autour, car il nen diffère en
rien que par la couleur du plumage.
blond, : qui conlïfte en ce qu’il s’en trouve dont les ailes font
tachées de blanc , & ce caradère lui. a fait donner le nom de
bujard varié; mais cet oifeau varié, auffi -bien que celui qui eft
blond, font également des autours, & non pas des bufards.
J’ai fait nourrir long-temps un mâle & une femelle de
l’efpèce de l’autour brun ; la femelle étoit au moins d’un tiers
plus groffe que le mâle ; il s’en falloit plus dé fîx pouces que
les ailes, lorfqu’elles étoient pliées, ne s’étendiffent jufqu a
l’extrémité de la queue : elle étoit plus groffe qu’un gros chapon ,
dès l’âge de quatre mois, qui m’a paru être le term^ de lac-
croiffement de ces oifeaux. Dans le premier—«g= jufqu à cinq
ou fix femaines, ces oifeaux font djjjvg™ blanc; ils prennent
enfuite du brun fur tout fe d^ f ’fo cou & les ailes ; le ventre
& le deffous de la gp>gé changent moins , & font ordinairement
blancs ou tffiics jaunâtres, avec des taches longitudinales
brunes dans la première année, & des bandes tranfverlàles
brunes dans les années fuivantes. Le bec eft d’un bleu fale,
& la membrane qui en couvre la bafe eft d’un bleu livide: les
jambes font dénuées de plumes, & les doigts des pieds font
d’un jaune foncé: les ongles font noirâtres, & les plumes de
la queue qui font brunes, font marquées par des raies tranf-
verfales. fort larges, de couleur d’un gris fale. Le mâle a fous
la gorge, dans cette première année d’âge, les plumes mêlées
d’une couleur roufîàtre, ce que n’a pas la femelle, à laquelle
il reifemble par tout le refte, à l’exception de la groffeur, qui,
comme nous l’avons dit, eft de plus d’un tiers au-delfous.
On a remarqué que quoique le mâle fût beaucoup plus petit
que là femelle, il étoit plus féroce & plus méchant : ils font
tous deux affez difficiles à priver; ils fe battoient fouvent,
Tome I,