E X P L O I T A T I O N DE S MI NES DE DIAMANTS
On sait que les géologues admettent l’hypothèse
que les diamants ne sont que des cristallisations de
carbone pur produites par l’action de la vapeur dans
les éruptions volcaniques. Il est donc permis de supposer
que les dépôts de gangues diamantifères de
ces régions proviennent d’anciennes éruptions de
volcans éteints. depuis de longs siècles, et dont on
ne voit actuellement plus de trace.
La gangue diamantifère a pris le nom de bleu.
L’exploitation se fait maintenant, comme dans les
mines d’or, au moyen de galeries souterraines dans
lesquelles les Cafres sont occupés nuit et. jour à
extraire de la terre le bleu qu’ils chargent-sur des
petits wagons genre Decauville. Une fois extraite de
la terre, la gangue diamantifère est transportée par
wagonnets sur d’immenses champs où elle est étendue
par couches pour être soumise, pendant plusieurs
mois, à l’action de la chaleur et de l’air ainsi qu’à
de nombreux arrosages. La gangue * au bout d’une
exposition de plusieurs mois, se désagrège et est
pulvérisée en petits morceaux qui sont alors traités
au moyen de machines ingénieusement combinées.
Tout d’abord, se fondant sur le principe du poids
spécifique du diamant, on extrait du bleu, au moyen
de machines entraînées dans un mouvement de gravitation,
toute la matière boueuse et sans valeur. Les
résidus contiennent les diamants qu’on ne peut
encore découvrir. Ces résidus sont alors confiés à une
machine nommée pulsateur, qui opère une sorte de
triage mécanique des pierres. Après ces opérations,
il reste encore le travail le plus important, qui ne
peut être fait par une machine : la recherche des
diamants par les nègres.
Les résidus sont exposés sur de longues tables
devant lesquelles les Cafres sont occupés activement
à rechercher les pierres qu’ils croient être des diamants.
Leur oeil est tellement exercé à ce travail,
qu’il est bien rare qu’ils se trompent. Des gardiens
européens exercent sur ces tables une surveillance
de tous les instants, car la tentation est forte et l ’habileté
des Cafres inouïe à cacher, dans les plus intimes
parties de leur corps, les diamants qu’ils peuvent soustraire
à la surveillance. Les diamants ainsi séparés sont
placés dans des boîtes fermant à clef qui sont portées
tous les jours dans les coffres-forts de la compagnie.
On les soumet là à de nouveaux triages, à des
expertises et ils sont enfin expédiés en Europe, après
avoir été signalés de la façon la plus exacte à un
bureau spécial, le Détective Office, qui prend note du
poids et de la forme, de la nuance et enfin de tout
détail sur chaque pierre sortant de la mine. Ce bureau
a été créé pour remédier autant que possible aux vols
énormes qui se commettaient journellement à Kim-
berley.
Ces vols, bien qu’ayant diminué, s’élèvent encore
à plus de 5 millions de francs par an et ont nécessité,
pour leur répression, une série de mesures de police
très ingénieuses, parmi lesquelles la précédente est
une des plus efficaces; il est en effet impossible de
vendre actuellement un diamant si l’on ne peut
prouver la légitimité de la possession, ce qu’il est
facile de constater avec le Détective Office, qui délivre