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dans l’uniformité grise des maisons basses, et deux
ou trois clochetons de banques ou maisons de commerce
attirent à peine l’attention. L’aspect de la
ville rappelle les cités commerçantes de l ’Angleterre.
Johannesburg n ’est pas une villégiature agréable,
loin de là, les arbres sont rares, rabougris, sauf dans
une partie de la ville, Doorfontein, qui est à nos
yeux parisiens le bois de Boulogne du pays. Les
rues sont très mal, ou plutôt pas entretenues du
tout, excepté quelques voies commerçantes ; une
détestable poussière rouge vole et s’infiltre partout,
dans le nez, les yeux, la bouche ; on sent les grains
de poussière rouler sous les dents; les yeux rougissent
en très peu de temps; les vieux Africains ont
les paupières rongées par cette maudite poussière
contre laquelle il n ’y a pas de remède.
Mais le spectateur de cette ville née d’hier, qui a
déjà rempli le monde de son histoire, demeure
étonné et décontenancé devant l ’énergie humaine
qui a transformé un sol absolument aride en une
ville de 6 milles carrés, comptant, au dernier recensement,
105,000 habitants, et tout cela s ’est fait en
moins de dix ans. En 1886, on ne soupçonnait même
pas l’existence du Witwatersrand. Lorsque les premiers
chantiers furent ouverts sur l’emplacement
actuel de la Ferreira et que l’on comprit l ’importance
qu’allaient avoir ces filons si heureusement découverts,
de nombreux prospecteurs se précipitèrent à la
conquête des claims, et de suite on commença à
tracer le plan de Johannesburg à l’américaine, toutes
les rues se coupant à angle droit. Les terrains étaient
encore à des prix abordables ; un stand de 50 x 50 pieds