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 juin  1896  à  une  maison  de  Paris  pour  £  30.000,  et  à  
 la  même  date  un  stand  double  fut  acheté  plus,  dq  
 £ 35.000 par une autre maison de Paris.  Je m’empresse  
 de  dire  que  ces  prix  sont  absolument  ridicules  et  
 amèneront  forcément  à  un  moment  donné une  réaction  
 d’autant  plus  violente  que  la  hausse  des  prix  
 aura  été  plus  follement  exagérée.  Quoi  qu’il  en  soit,  
 j ’ai  cité  cet  exemple  pour  montrer  quel  prodigieux  
 développement  avait  pris  cette  ville;  son  essor  fut  
 cependant  bien  compromis  à  la  suite  du  crack  de  
 1889  amené,  comme  celui  de  1895,  par  les  folles  
 spéculations  sur  les mines.  Pour  donner  une  idée  de  
 la  ruine  qui menaça  à  ce moment la ville fraîchement  
 éclose,  M.  Héritier,  un  des rares  Français  établis  là-  
 bas,  arrivait  de  Buenos-Ayres  avec  sa  famille  pour  
 tenter  fortune  dans  la  nouvelle  cité;  quand  ils  sortirent  
 de  la  lourde  diligence,  qui  constituait  alors  le  
 seul  moyen  de  locomotion,  ils  trouvèrent  la  ville  
 bouleversée  par  la  baisse  de  toutes  les  valeurs.  Les  
 gens partaient  en  foule  pour l’Europe  ou retournaient  
 •dans  les autres  villes  de  l’Afrique du Sud, croyant à la  
 ruine  immédiate  et  définitive  de  Johannesburg.  A  ce  
 moment,  les meubles  se  vendaient  pour  rien  sur le  
 marché ;  les lits  de  cuivre  s’offraient  pour un  shilling  
 sans trouver  d’acquéreur.  Peu  à  peu,  le  calme  se  fit,  
 la  confiance  revint  à  quelques  personnes  et  l’on  se  
 remit  à  travailler  pour  réparer  sans  bruit  les  dommages  
 causés par  les folies précédentes.  Pendant  cinq  
 ans, en France, on n ’entendit plus parler duTransvaal;  
 mais  là-bas,  les  mines  marchaient  d’une  manière  
 sérieuse.  En  1894,  on  recommença  à  Paris  à  parler 
 de  ces  mines.  Ce  fut  une  révélation  suivie  d’un  
 engouement  irréfléchi;  sans  connaître  le  premier  
 mot  de  tout  ce  qui  compose une mine d’or,  on acheta  
 des  titres  de  toute  espèce  les  yeux  fermés,  tout  
 semblait  aller  pour  le  mieux;  la  hausse  succédait  
 à  la  hausse;  mais  en  octobre  1895,  la  panique  commença  
 à poindre  et,  terrifiante de rapidité,  fit écrouler  
 en  trois  mois  tous  ces  châteaux  de  cartes,  ces  cotes  
 fantastiques  de  valeurs,  que  l’habileté  des  financiers  
 anglais  avaient  seule  pu  préparer.  Quand  ils  eurent  
 bourré  leurs  poches  de  l’or  français,  plus  de  800  
 millions,  dit-on,  ils  retournèrent  leurs  batteries  et  
 devinrent  spéculateurs  à  la  baisse,  continuant  à  
 ramasser  ainsi  d’énormes  sommes.  Depuis,  la  cote  
 a  suivi  une  marche  incertaine,  le  calme  n ’est  pas  
 encore  rentré  dans  la  spéculation  et  les  premiers  
 mois  de  1897  virent  une  nouvelle  baisse  arriver,  
 atteignant  indistinctement  toutes  les  valeurs.  Ces  
 excès  de  spéculation  et  cette  baisse  des  cours  ont,  
 par  contre,  un  côté  avantageux,  c’est  que,  seuls,  ils  
 permettent  à  l’industrie  de  redevenir  économe,  soigneuse  
 des  intérêts  des  actionnaires  et  cherchant  
 tous  les moyens  propres à diminuer  les frais  d’exploitation. 
   Il  est  malheureusement  certain  que  d’ici  
 quelque  temps,  trois  mois,  six  mois  au  p lu s ,,  un  
 nouveau  boum  sera  préparé  par  la  haute  finance  de  
 Londres  et  de  Paris;  de  nouveau  on  fera  absorber  
 au  crédule  spéculateur  un  nombre  considérable  de  
 titres  à  des  prix  surfaits,  et,  fatale,  la  baisse  se  
 reproduira,  faisant  disparaître  de  la  cote  quantité  
 de mines  dont  l’existence  n ’est  souvent  représentée  
 que par  un  bureau  à  Londres  et  des  titres  soigneu